Introduction et objectif : En établissement médico-social (EMS) autour du patient, polymorbide et polymédiqué, se côtoient plusieurs professionnels de santé. La structure d’une institution encourage à l’interprofessionalisme où le pharmacien clinicien peut jouer un rôle dans l’optimisation des traitements. Le but de ce travail est de mettre en évidence la plus-value du pharmacien clinicien au sein d’un EMS, en relevant le nombre et le type d’interventions sur les traitements des patients, les principales classes thérapeutiques concernées, le taux d’acceptation des interventions et leur devenir après 3 mois. Méthode : Sur la base du dossier patient informatisé, les traitementsdes patients ont été revus par un pharmacien clinicien, ciblant la sécurité, l’efficacité et les coûts. Les interventions ont été répertoriées selon le classement des interventions pharmaceutiques de la GSASA, leur taux d’acceptation relevé après transmission écrite et entretien oral et la mise en application évaluée après 3 mois.
Résultats : La médication de 85 patients a été revue (âge moyen 81.5 ans). Au total 1041 médicaments ont été analysés soit en moyenne 12.3 médicaments par patient. 110 médicaments (10,8%) ont fait l’objet d’une intervention (n=83). Les catégories d’intervention les plus fréquentes étaient : médicaments non-indiqué ou doublon (26.5% des interventions), optimisation des coûts (19%) et substitution générique (14.5%). Les principaux types d’interventions étaient : arrêt d’un traitement (36%), substitution/échange (32%), optimisation des modalités d’administration (23%). Parmi les 83 interventions, 74 (89%) ont été acceptées. Après 3 mois, 72 interventions (97%) ont été appliquées dans le dossier du patient. Les classes thérapeutiques les plus concernées, substitutions génériques exceptées, étaient : analgésiques (14%), laxatifs (14%), antianémiques (5%) et hypnotiques/sédatifs (4%).
Discussion et conclusion : Ce travail montre que les interventions du pharmacien clinicien en EMS rencontrent un taux élevé d’acceptation avec des modifications de traitements persistant après 3 mois. Les questions d’indications et de coûts sont fréquemment ciblées permettant l’arrêt ou la substitution des traitements. La revue des traitements par un pharmacien clinicien permet d’intervenir sur 10% des médicaments, touchant surtout les analgésiques et les laxatifs. L’intégration du pharmacien clinicien dans le cercle du personnel médico-soignant d’un EMS est une perspective prometteuse. L’impact réel en termes de qualité de vie ou d’économie globale serait à identifier dans un prochain travail.