L'impact du streaming sur l'écriture sérielle : Dark (2017-2020) et les séries à énigme
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Serval ID
serval:BIB_5AF3486D3070
Type
Article: article from journal or magazin.
Collection
Publications
Institution
Title
L'impact du streaming sur l'écriture sérielle : Dark (2017-2020) et les séries à énigme
Journal
Cahiers de Narratologie
ISSN
0993-8516
1765-307X
1765-307X
Publication state
Published
Issued date
16/06/2023
Peer-reviewed
Oui
Number
43
Language
french
Abstract
Résumé
Cet article interroge l’impact du streaming sur l’écriture sérielle, à partir du cas des séries à énigme et, plus particulièrement, de la série allemande de science-fiction Dark (Baran bo Odar et Jantje Friese, 2017–2020), diffusée sur Netflix. Comment comprendre le succès critique de séries qui mettent au défi l’interprétation en multipliant les effets de « dissonances cognitives » (Kiss & Willemsen 2018) ? S’agit-il d’une réponse à l’impératif économique de renouvellement des formes et des formats dans un contexte de concurrence accrue, une manière de traduire, en les intensifiant, les contradictions, les dilemmes et les impasses du monde actuel, ou encore le résultat d’une transformation du paysage audiovisuel et des technologies numériques qui facilitent la manipulation du tissu spatio-temporel ? Sans exclure d’autres prismes de lecture, on défendra l’hypothèse que les séries à énigme sont l’indice d’une volonté des géants du streaming de personnaliser leur offre, d’une part en désavouant leur dette vis-à-vis de la télévision « traditionnelle », d’autre part en imitant l’interactivité des jeux vidéo. Plus largement, les séries à énigme questionnent les enjeux économiques et idéologiques d’une forme extrême de « Complex TV » (Mittell 2015), qui encourage l’investissement des fans par différents moyens propices au data mining. Il s’agit dès lors de mettre en évidence l’incidence économique du modèle de diffusion numérique, qui s’appuie à la fois sur la puissance de l’intelligence collective du public et sur celle des calculs algorithmiques.
Abstract
This article investigates the impact of streaming on serial writing, using the case of puzzle series and, more specifically, the German science fiction series Dark (Baran bo Odar and Jantje Friese, Netflix, 2017-2020) broadcasted on Netflix. How do we understand the critical success of series that challenge interpretation by multiplying the "cognitive dissonance" effects (Kiss & Willemsen 2018)? Is it a response to the economic imperative of renewal of forms and formats in a context of increased competition? Is it a way of translating, by intensifying them, the contradictions and dilemmas of the current world? Or is it the result of a transformation of the audiovisual landscape and digital technologies that facilitate the spatio-temporal manipulations? Without excluding other interpretations, we will defend the hypothesis that puzzle series are the sign of the streaming giants' aim to personalize their offer, on the one hand by disavowing their debt to "traditional" television, and on the other by imitating the interactivity of video games. More broadly, puzzle series question the economic and ideological stakes of this extreme form of "Complex TV" (Mittell 2015), which encourages fan investment through various means suitable for data mining. The aim is therefore to highlight the economic impact of the digital broadcasting model, which relies both on the power of the audience's collective intelligence and on that of algorithmic computation.
Mots clés : capitalisme attentionnel, complexité narrative, Complex TV, Dark, data mining, fans, jeux vidéo, plateformes de vidéo à la demande, Netflix, puzzle film, série à énigme, film à énigme, streaming, télévision linéaire, VAD, VOD
Cet article interroge l’impact du streaming sur l’écriture sérielle, à partir du cas des séries à énigme et, plus particulièrement, de la série allemande de science-fiction Dark (Baran bo Odar et Jantje Friese, 2017–2020), diffusée sur Netflix. Comment comprendre le succès critique de séries qui mettent au défi l’interprétation en multipliant les effets de « dissonances cognitives » (Kiss & Willemsen 2018) ? S’agit-il d’une réponse à l’impératif économique de renouvellement des formes et des formats dans un contexte de concurrence accrue, une manière de traduire, en les intensifiant, les contradictions, les dilemmes et les impasses du monde actuel, ou encore le résultat d’une transformation du paysage audiovisuel et des technologies numériques qui facilitent la manipulation du tissu spatio-temporel ? Sans exclure d’autres prismes de lecture, on défendra l’hypothèse que les séries à énigme sont l’indice d’une volonté des géants du streaming de personnaliser leur offre, d’une part en désavouant leur dette vis-à-vis de la télévision « traditionnelle », d’autre part en imitant l’interactivité des jeux vidéo. Plus largement, les séries à énigme questionnent les enjeux économiques et idéologiques d’une forme extrême de « Complex TV » (Mittell 2015), qui encourage l’investissement des fans par différents moyens propices au data mining. Il s’agit dès lors de mettre en évidence l’incidence économique du modèle de diffusion numérique, qui s’appuie à la fois sur la puissance de l’intelligence collective du public et sur celle des calculs algorithmiques.
Abstract
This article investigates the impact of streaming on serial writing, using the case of puzzle series and, more specifically, the German science fiction series Dark (Baran bo Odar and Jantje Friese, Netflix, 2017-2020) broadcasted on Netflix. How do we understand the critical success of series that challenge interpretation by multiplying the "cognitive dissonance" effects (Kiss & Willemsen 2018)? Is it a response to the economic imperative of renewal of forms and formats in a context of increased competition? Is it a way of translating, by intensifying them, the contradictions and dilemmas of the current world? Or is it the result of a transformation of the audiovisual landscape and digital technologies that facilitate the spatio-temporal manipulations? Without excluding other interpretations, we will defend the hypothesis that puzzle series are the sign of the streaming giants' aim to personalize their offer, on the one hand by disavowing their debt to "traditional" television, and on the other by imitating the interactivity of video games. More broadly, puzzle series question the economic and ideological stakes of this extreme form of "Complex TV" (Mittell 2015), which encourages fan investment through various means suitable for data mining. The aim is therefore to highlight the economic impact of the digital broadcasting model, which relies both on the power of the audience's collective intelligence and on that of algorithmic computation.
Mots clés : capitalisme attentionnel, complexité narrative, Complex TV, Dark, data mining, fans, jeux vidéo, plateformes de vidéo à la demande, Netflix, puzzle film, série à énigme, film à énigme, streaming, télévision linéaire, VAD, VOD
Keywords
complex TV, puzzle films, streaming, Netlfix, data mining, video games, mind-game film, forensic fandom, VOD, TV series, seriality, séries télévisées, fan studies, video on demand, Dark, complexité narrative, séries télévisées à énigme, Yves Citton, économie de l'attention, algorithms, cognitive dissonance, Thomas Elsaesser, media studies, film studies, tv studies
Publisher's website
Open Access
Yes
Create date
09/08/2023 9:00
Last modification date
08/07/2024 6:00