Entre mobilité et sédentarité : les Mising, « peuple du fleuve », face à l'endiguement du Brahmapoutre en Assam (Inde du Nord‑Est)
Details
Serval ID
serval:BIB_F386ED4AC0B7
Type
Article: article from journal or magazin.
Collection
Publications
Institution
Title
Entre mobilité et sédentarité : les Mising, « peuple du fleuve », face à l'endiguement du Brahmapoutre en Assam (Inde du Nord‑Est)
Journal
Mappemonde
ISSN
0764-3470
1769-7298
1769-7298
Publication state
Published
Issued date
01/01/2017
Peer-reviewed
Oui
Number
119
Language
french
Abstract
Au nord-est de l’Inde, chaque année au cours de la mousson, le fleuve Brahmapoutre entre en crue et déborde dans sa plaine, déposant sur son passage des sédiments sableux et des limons fertiles (Goswami et Das, 2003 ; Sarma, 2005). Dans cette vaste plaine alluviale, les dynamiques du milieu et les activités humaines constituent un système socio-écologique fragile.
2Pour contrôler le fleuve et mettre en valeur les territoires, la région connût dès le XIIe siècle des programmes d’endiguement et d’administration foncière sur la rive sud du Brahmapoutre. Or, le séisme majeur de 1950 a brusquement modifié les dynamiques de l’hydrosystème (Normandin, 1952). Par conséquent, à partir de 1954, les autorités territoriales de l’État d’Assam étendirent l’endiguement, de part et d’autre du lit mineur, selon les politiques d’aménagement de l’Inde indépendante. Les communautés paysannes furent alors poussées à se sédentariser dans ces périmètres protégés suivant des délimitations figeant les territoires. Elles ajustèrent leurs modes de subsistance et leurs pratiques agricoles aux conditions du milieu ainsi créé. Toutefois, l’érosion progressive des berges et les ruptures de digues soudaines sont à l’origine d’inondations catastrophiques et récurrentes, tandis que le front d’érosion avance toujours plus et emporte sur son passage les terres de plusieurs villages des subdivisions de Bokakhat, Majuli et Dhakuakhana objets de cette thèse. Ces villages sont majoritairement peuplés par la communauté Mising, un groupe ethnolinguistique originaire de l’Himalaya oriental, inscrit sur la liste des tribus répertoriées (Scheduled Tribe) d’Assam.
3L’objectif général de cette thèse est de montrer – à l’aide d’exemples pris dans trois localités – comment les aménagements fluviaux, en interférant sur les dynamiques hydrologiques, ont provoqué une crise sociale et environnementale conduisant les Mising à réajuster leurs pratiques agricoles tout en renégociant leur place au sein de la société et du territoire assamais.
4L’enquête fut menée au cours de 18 mois dans plusieurs villages Mising situés dans les subdivisions de Bokakhat, Majuli et Dhakuakhana (figure 1). L’enquête permit de comprendre les stratégies déployées par les communautés paysannes pour faire face aux aléas hydrologiques et assurer leur subsistance. Grâce à des entretiens réalisés avec les cultivateurs, nous avons déterminé les systèmes de riziculture pratiqués et les variétés employées. Pour se familiariser avec les techniques, la participation aux activités agricoles, du repiquage à la moisson, fut une expérience fort enrichissante. Des cartes de l’occupation des sols à partir d’images satellite Landsat et SPOT ont permis d’observer la répartition des milieux et des activités agricoles, mais aussi les effets de la mobilité des chenaux et des ruptures de digues. Enfin, des ateliers de dessin ont été organisés dans les écoles de la zone sinistrée de Dhakuakhana. Ces dessins révèlent l’ampleur du trouble émotionnel provoqué par les ruptures soudaines de digues et la submersion des villages.
2Pour contrôler le fleuve et mettre en valeur les territoires, la région connût dès le XIIe siècle des programmes d’endiguement et d’administration foncière sur la rive sud du Brahmapoutre. Or, le séisme majeur de 1950 a brusquement modifié les dynamiques de l’hydrosystème (Normandin, 1952). Par conséquent, à partir de 1954, les autorités territoriales de l’État d’Assam étendirent l’endiguement, de part et d’autre du lit mineur, selon les politiques d’aménagement de l’Inde indépendante. Les communautés paysannes furent alors poussées à se sédentariser dans ces périmètres protégés suivant des délimitations figeant les territoires. Elles ajustèrent leurs modes de subsistance et leurs pratiques agricoles aux conditions du milieu ainsi créé. Toutefois, l’érosion progressive des berges et les ruptures de digues soudaines sont à l’origine d’inondations catastrophiques et récurrentes, tandis que le front d’érosion avance toujours plus et emporte sur son passage les terres de plusieurs villages des subdivisions de Bokakhat, Majuli et Dhakuakhana objets de cette thèse. Ces villages sont majoritairement peuplés par la communauté Mising, un groupe ethnolinguistique originaire de l’Himalaya oriental, inscrit sur la liste des tribus répertoriées (Scheduled Tribe) d’Assam.
3L’objectif général de cette thèse est de montrer – à l’aide d’exemples pris dans trois localités – comment les aménagements fluviaux, en interférant sur les dynamiques hydrologiques, ont provoqué une crise sociale et environnementale conduisant les Mising à réajuster leurs pratiques agricoles tout en renégociant leur place au sein de la société et du territoire assamais.
4L’enquête fut menée au cours de 18 mois dans plusieurs villages Mising situés dans les subdivisions de Bokakhat, Majuli et Dhakuakhana (figure 1). L’enquête permit de comprendre les stratégies déployées par les communautés paysannes pour faire face aux aléas hydrologiques et assurer leur subsistance. Grâce à des entretiens réalisés avec les cultivateurs, nous avons déterminé les systèmes de riziculture pratiqués et les variétés employées. Pour se familiariser avec les techniques, la participation aux activités agricoles, du repiquage à la moisson, fut une expérience fort enrichissante. Des cartes de l’occupation des sols à partir d’images satellite Landsat et SPOT ont permis d’observer la répartition des milieux et des activités agricoles, mais aussi les effets de la mobilité des chenaux et des ruptures de digues. Enfin, des ateliers de dessin ont été organisés dans les écoles de la zone sinistrée de Dhakuakhana. Ces dessins révèlent l’ampleur du trouble émotionnel provoqué par les ruptures soudaines de digues et la submersion des villages.
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Open Access
Yes
Create date
29/09/2023 9:48
Last modification date
19/02/2025 10:51