Cette HDR propose une réflexion sur les méthodes multisite et multiscalaire, poursuivie au fil d'enquêtes qui, prises ensemble, constituent une ethnographie de la diaspora chinoise et du système monde en mutation sous l’effet de la « globalisation chinoise ». Pour la cause de l’ancêtre (vol. 1) étudie la relation changeante entre un ancien village lignager situé à Shenzhen (Chine) et ses émigrés en Polynésie française et ailleurs. Cette relation s’est affaiblie, tout en persistant sur les plans moral, affectif, et symbolique. Le mémoire (vol. 2) revisite, à la lumière de l’enquête multisite conduite entre Tahiti et Shenzhen, mes analyses polynésiennes, et indique comment le changement qui se produit en diaspora entre en conjonction avec les transformations intervenues dans le village d’origine. Ceci débouche sur une définition élargie de la valeur qui intègre la notion d’échelle. L’anthropologie globale, distincte d’une anthropologie de la globalisation, prête attention aux propriétés scalaires émergentes des collectifs sociaux – l’échelle comme portée – mais aussi aux échelles en tant qu’elles constituent un enjeu de l’interaction et de la reproduction sociale – l’échelle comme étalon relationnel de valeur. Les enquêtes menées à Tahiti, Paris, Shanghai et Aubervilliers illustrent ces propositions. Une analyse processuelle des phénomènes diasporiques accorde une importance centrale à la dimension scalaire de l’action et débouche sur une saisie nécessairement historicisée de la genèse des formes sociales et des actions de (ré)échelonnement qui contractent ou étendent des chaînes de relations spatiotemporelles.
In this habilitation thesis I reflect on the multisited and multiscalar methods that I used in the course of my research on the Chinese diaspora, and which constitutes an ethnography the world system at a time of ‘Chinese globalization’. For the ancestor’s cause (vol. 1) studies the changing relation between a Southern Chinese single-lineage village and its overseas relatives in French Polynesia and elsewhere in the world. This relation is weakening at the same time as it persists in moral, affective and symbolic terms. The synthesis (vol. 2) first proceeds from the multisited ethnography I led in Tahiti and Shenzhen. I revisit my analysis of Chinese ways of identifying in Tahiti and scrutinize how change in diaspora enters in conjunction with the transformations the village of origin has undergone. This leads to an enlarged definition of value that incorporates the notion of scale. Global anthropology, as distinct from the anthropology of globalization, gives attention to the emerging scalar properties of social entities – scale as scope – but also to scales as they constitute stakes in interaction and social reproduction – scale as a relational measure of value. Ethnographic materials from Tahiti, Paris, Shanghai and Aubervilliers illustrate these propositions. A processual analysis of diaspora attaches importance to the scalar dimensions of action, and results in a necessarily historicized account of how social forms are generated and of how (re)scaling actions contract or expand chains of spatiotemporal relations.