L’héminégligence est une conséquence fréquente des accidents vasculaires cérébraux droits. En plus
de son caractère débilitant, cette pathologie entrave la bonne conduite de la réhabilitation du patient
convalescent, ce dernier présentant des déficits dans l’attention, la représentation ou les actions
concernant son hémi-espace gauche. L’adaptation prismatique (AP) est aujourd’hui le traitement de
choix pour ces patients. Elle repose sur l’utilisation de lunettes avec prismes qui dévient le champ
visuel des patients vers la droite. Il s’agit toutefois d’une méthode qui peut vite devenir lassante pour
celui qui en bénéficie. L’utilisation de la réalité virtuelle permettrait de pallier à ce défaut, en proposant
au patient une thérapie plus divertissante, ce qui permettrait d’avoir une meilleure adhérence
thérapeutique, et donc, à terme, de meilleurs résultats. L’adaptation en réalité virtuelle (ARV) repose
sur le même principe de la déviation vers la droite, mais il s’agit ici de tout l’environnement virtuel
dans lequel est immergé le patient qui subit une rotation vers la droite. Toutefois, avant d’envisager
une potentielle thérapie par ARV, il convient de s’assurer que cette dernière est similaire à l’AP, tant
au niveau des effets comportementaux qu’au niveau des modulations de l’activité cérébrale qu’elle
induit.
Ainsi, le but de ce travail était, dans un premier temps, de vérifier qu’AP et ARV ont les mêmes effets
comportementaux. Nous avons ensuite évalué si ces deux méthodes induisaient des modifications
cérébrales similaires dans plusieurs régions du cerveau, appartenant ou non au circuit attentionnel. Pour ce faire, nous avons conduit des tests comportementaux ainsi que des IRM fonctionnelles lors
d’une tâche attentionnelle chez 16 sujets sains, avant et après une séance d’ARV.
Au terme de notre travail, nous avons pu observer en IRMf des résultats semblables à ceux obtenus
lors d'études utilisant l’AP, c'est-à-dire des modulations au niveau des lobules pariétaux inférieurs,
mais aussi au niveau des lobes frontaux et cingulaires, ainsi que des effets comportementaux similaires
pour les deux méthodes.
L'utilisation de jeux thérapeutiques, comme ici en réalité virtuelle, pourrait ainsi constituer à l’avenir
un moyen d'encourager les patients à suivre leurs traitements de réhabilitation.