Cet article traite de l’émergence dans les études des images et du cinéma d’une nouvelle perspective d’analyse et d’historiographie des « images du travail ». Souvent considérée comme une thématique référentielle des images, la catégorie du travail a été remise en question depuis quelques décennies par des études anthropologiques, féministes et postmarxistes qui ont contesté son caractère universel et transhistorique. Pourtant, les études des images et du cinéma ont jusqu’à très récemment continué à s’appuyer sur une catégorie ontologique du travail pour la définition de corpus iconographiques. Depuis quelques années, une nouvelle perspective esthétique du travail émerge sous l’impulsion des études des médias, les études sur la culture visuelle et les études des sciences et des technologies. Selon cette perspective, les images du travail assument un caractère actif dans la genèse de la catégorie du travail. Cet article montre, à partir d’exemples d’usages institutionnels des techniques cinématographiques, comment cette nouvelle perspective esthétique du travail permet d’instituer un champ d’études des images du travail qui ne s’articule plus autour d’une thématique référentielle des images, mais autour de l’ensemble des dispositifs de contrôle de l’expérience du travail, au sein desquels les techniques cinématographiques jouent un rôle de plus en plus important.