Les situations anticycloniques avec brises sont souvent préoccupantes sur le plan de la qualité de l'air. Dans une topographie complexe, plusieurs types de courants thermiques se superposent; il en résulte certaines particularités des écoulements encore mal connues. L'étude de la ventilation menée dans une grande vallées préalpine suisse (Sarine en Gruyère) avait pour but d'améliorer les connaissances sur ces courants dans une région peu prospectée sur ce plan-là. Cette étude a comporté de nombreuses mesures sur le terrain et des essais de modélisation, en vue de déterminer avec précision les écoulements dans les 3 dimensions dans un milieu accidenté. Les mesures sur le terrain ont permis de caractériser le développement, le rythme journalier, la fréquence et l'horaire moyen des brises en Gruyère, cela tout au long de l'année. Ces courants constituent un élément essentiel de la ventilation de cette région, puisqu'on les rencontre en moyenne près d'un jour sur deux. Les brises de montagne engendrent généralement une mauvaise ventilation, car le bassin de la Basse-Gruyère favorise une accumulation d'air froid durant la nuit et un freinage des écoulements près du sol. Les brises de vallée sont quant à elles plus sensibles, sauf en hiver. Pour quelques journées typiques, nous avons encore obtenu des cartes de ventilation détaillées au sol, prospecté la dimension verticale et mis en évidence différentes mouvements verticaux se développant dans la couche des brises. Nous avons également examiné l'influence de plusieurs paramètres météorologiques sur le régime des brises: les vents d'altitude, même lorsqu'ils ne soufflent que faiblement, influencent grandement les profils verticaux, l'intensité et la persistance des brises en Gruyère. Nous nous sommes aussi intéressés aux interactions entre les vents de pente et les brises régionales. Enfin, nous avons calculé approximativement les échanges d'air se produisant entre la Gruyère et les régions environnantes pour quelques journées anticycloniques. Les modélisations physiques (en laboratoire) et numérique (sur ordinateur) ont complété les données sur le terrain et fourni une image précise et détaillée des écoulements dans les 3 dimensions pour l'ensemble de la région étudiée. Elles ont prouvé leur performance en reproduisant avec succès les brises de montagne et de vallée dans cette topographie complexe. Les brises de vallée n'ont été que rarement simulées jusqu'à présent. La réussite des simulations dépend cependant d'un bon réglage des conditions aux limites traduisant l'influence des régions environnantes non incluses dans les modèles. Les 2 types de modélisation se complètent relativement bien et constituent des outils efficaces pour déterminer les écoulements régionaux dans un milieu accidenté. On peut également les utiliser pour des études concrètes de transport et de diffusion de polluants atmosphériques.