Contexte . Les grands consommateurs des services d'urgence (GCSU 5 visites/an) représentent une population vulnérable ayant des besoins complexes. Leurs consultations représentent un pourcentage important du nombre total de consultations des services d'urgence et contribuent à la surpopulation de ces derniers. Les recherches portant sur la perception qu'ont les professionnels de santé travaillant dans un service d'urgence des grands consommateurs des services d'urgence sont rares.
Obiectifs. La présente étude vise à évaluer, au sein des professionnels de santé travaillant dans un service d'urgence, a) la mesure dans laquelle les GCSU sont perçus comme un problème ; b) leur niveau de connaissance et de compréhension des GCSU ; c) l'utilité perçue du case management ciblant les GCSU et l'intérêt quant à la mise en place de cette intervention dans leur service.
Méthodes . Une enquête en ligne à été diffusée aux médecins chefs des services d'urgence publics
suisses ouverts 24h/24. Cette enquête contenait 19 questions et avait été testée dans le cadre d'un projet pilote avant sa diffusion. Il a été demandé aux médecins chefs de transmettre l'enquête à d'autres professionnels de santé (médecins et autres professions) travaillant dans leur service.
Résultats. Le taux de réponse des hôpitaux a été de 81 % (85/106 hôpitaux). Le taux de réponse exploitable des hôpitaux était de 71 % (75/106 hôpitaux), avec un total de 208 professionnels de santé ayant répondu . Les difficultés liées aux GCSU ont été perçues comme importantes par 64 % des répondants . Au total, 64 % des répondants se sont sentis mal informés sur les GCSU, les infirmier.ères se sentant moins informé.e.s que les médecins. La compréhension des GCSU était plus faible dans les régions francophones et italiennes (FISP) de Suisse que dans la partie germanophone. Quatre-vingt-un pour cent des personnes interrogées n'avaient aucune connaissance précise des interventions liées aux GCSU. L'utilité perçue des interventions de case management, après avoir reçu des explications à ce sujet, était élevée (92 %). Cependant, le niveau global d'intérêt pour la mise en place d'une telle intervention était de 59 %. L'intérêt des médecins pour une intervention de case management était faible dans toutes les régions. Les infirmier.ère.s, en revanche, se sont montré.e.s plus intéressé.e.s, en particulier ceux.celles qui travaillent dans des services d'urgence hautement spécialisés.
Conclusions. La majorité des professionnels de santé interrogés a déclaré être régulièrement
confronté à des GCSU. Les professionnels de santé perçoivent les GCSU comme étant une population vulnérable, ils se sentent cependant mal informés sur la façon de gérer cette problématique. Ils pensent qu'une intervention de case management ciblant les GCSU serait utile; mais ne sont que peu intéressés à mettre en place une telle intervention.