Le yoga répond aujourd’hui à une forme « d’injonction sociale au bien-être » (Cedestrom, Spicer 2016). Depuis les années 2000, d’un côté, de nombreuses études médicales tendent à démontrer les bienfaits du yoga (Birn 2008, Bhimani 2011, Singh 2011). De l’autre côté, en sciences humaines, seuls quelques travaux se sont penchés sur les transformations sociales des pratiques et des discours autour du yoga (Hauser 2013). Aujourd’hui, rares sont les travaux qui allient discours subjectifs et données objectives sur le bien-être.
Se nourrissant d’abord de l’anthropologie, j’ai mené en parallèle une expérimentation interdisciplinaire auprès de 25 pratiquants en 2014-2015 en France et en Suisse afin d’analyser ce bien-être dans ses dimensions objectives (grâce à la dominance du système parasympathique) et subjectives (discours des pratiquants). Se basant sur les travaux de F. Varela (2017) et de P. Vermersch (1994), cette étude a permis un dialogue entre données anthropologiques et physiologiques et a révélé des définitions du bien-être propre au yoga, une influence du social sur ces perceptions subjectives et, selon le niveau des pratiquants, des points d’achoppement entre données objectives et subjectives du bien-être.
Ce chapitre souhaite présenter (1) cette expérimentation, (2) les résultats obtenus, puis (3) d’ouvrir la discussion sur les différences et les similitudes entre données objectives et subjectives sur le bien-être. La question centrale sera donc d’allier les approches afin de s’interroger sur les dimensions (sociales, physiologiques, culturelles) qui peuvent influencer et définir le bien-être.