Introduction: Dans le domaine des addictions, le principe d'autonomie est fondamental. Le patient a un rôle prédominant dans son traitement. Il doit être un partenaire actif dans ses soins afin de permettre sa guérison. L'entretien motivationnel est le modèle qui permet le mieux au patient d'être le pilier de son traitement. Il évite la confrontation en exigeant du clinicien de s'adapter à l'ambivalence du patient. Ce travail a pour objectif d'évaluer la correspondance de la perception de l’efficacité du traitement qui constitue une mesure de la qualité du partenariat patient-clinicien.
Méthode: CONTROL est une étude prospective, observationnelle évaluant un collectif de patients alcoolo-dépendants pris en charge par le service d’alcoologie du CHUV. Les patients ont répondu à un questionnaire initial puis ont été évalués prospectivement, tous les 3 mois pendant les deux premières années puis deux fois par année pendant la 3ème et 4ème année de suivi. Durant ce suivi, 67 couples patients et cliniciens ont répondu aux questions suivantes:
• Depuis les 3/6 derniers mois, selon vous, quel impact a eu le traitement sur l'état du patient?
• Depuis les 3/6 derniers mois, selon vous, quel impact a eu le traitement sur votre état?
Résultats : En moyenne, les patients et les cliniciens ont une perception favorable de l'impact du traitement. En effet, 57% des couples patient-clinicien perçoivent que l'état du patient est amélioré. La moyenne des réponses données par les patients, avec un score minimale de -2 et un score maximale de 3, était de 1.60 (état fortement amélioré). D'autre part, pour les cliniciens la moyenne était de 0.93 (état légèrement amélioré). Les patients ont donc eu une perception plus favorable du traitement. La correspondance entre le score donné par le patient et le clinicien était évalué par un coefficient de corrélation de Spearman, celui-ci étant égal à 0.53 (0 aucune corrélation, 1 corrélation parfaite). Cela correspond à une corrélation importante. Nous obtenons des résultats correspondant avec le modèle d'équation d'estimation généralisée qui nous permet de prendre en compte que les évaluations étaient répétées dans le temps. Nous constatons que dans le cas d'un accord entre le patient et le clinicien sur la perception de l'impact du traitement, la consommation d'alcool est moins importante que dans le cas contraire.
Conclusion : La correspondance entre la perception de l’impact du traitement perçue par le patient et le clinicien était importante, mais pas complètement partagée. Cette correspondance partielle nous indique qu'il serait important d'apporter plus de valeur au ressenti du patient.