Longs séjours : qui a encore besoin de la fonction asilaire des hôpitaux psychiatriques ?

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State: Public
Version: After imprimatur
License: Not specified
Serval ID
serval:BIB_C9D4B7EFAF93
Type
A Master's thesis.
Publication sub-type
Master (thesis) (master)
Collection
Publications
Institution
Title
Longs séjours : qui a encore besoin de la fonction asilaire des hôpitaux psychiatriques ?
Author(s)
AFFOLTER M.
Director(s)
CONUS Ph.
Codirector(s)
GOLAY Ph.
Institution details
Université de Lausanne, Faculté de biologie et médecine
Publication state
Accepted
Issued date
2021
Language
french
Number of pages
23
Abstract
Introduction
Dès les années 1950, la volonté a été de fermer les « asiles psychiatriques » et de remplacer les unités de longs séjours par des foyers situés en ville. Ce mouvement a été particulièrement visible dans les années 1980 à Lausanne, faisant passer l’asile de Cery qui comptait plus de 600 lits à un hôpital qui n’en compte plus que 95 pour les patient∙e∙s adultes. Malgré le développement d’équipes mobiles et de services ambulatoires qui accompagne la réduction du nombre de lits, un certain nombre de patient∙e∙s font encore des longs séjours en hôpital psychiatrique et ne sont ainsi pas en phase avec la mission de soins aigus qui est dévolue à ce lieu.
Objectifs
L’objectif de ce travail est d’identifier le profil des patient∙e∙s considéré∙e∙s comme haut∙e∙s utilisateurs∙trices de soins psychiatriques aigus, dans le but d’améliorer leur prise en charge et de désengorger les hôpitaux psychiatriques, actuellement surchargés.
Méthode
Le service de psychiatrie générale du Département de psychiatrie du CHUV a mis en place dès 2013 un suivi hebdomadaire longitudinal des raisons de maintien à l’hôpital pour les patient∙e∙s âgé∙e∙s de 18 à 65 ans. Ce suivi a permis d’étudier les trajectoires longitudinales de chaque patient∙e en ce qui concerne leur hospitalisation et de mettre en évidence un sous-groupe de 47 patient∙e∙s faisant des séjours extrêmement longs. Une grille d’évaluation a été élaborée sur la base du contenu des lettres de sortie de ces patient∙e∙s ainsi que de plusieurs discussions avec les responsables du travail. A l’aide de cette grille d’évaluation, l’échantillon a été caractérisé dans son entier grâce à des analyses statistiques descriptives. Dans un deuxième temps, l’échantillon a été divisé en sous-groupes distincts à l’aide de l’analyse en classes latentes.
Résultats
L’échantillon étudié est majoritairement composé d’hommes (62%). La durée moyenne de séjour est de 9 mois. 59% des hospitalisations ont pour raison l’agressivité, 32% une décompensation de la psychopathologie. Le diagnostic le plus fréquemment retrouvé chez ces patient∙e∙s est une psychose.
Deux sous-groupes distincts de patient∙e∙s ont pu être mis en évidence. Le premier est majoritairement constitué de patient∙e∙s atteint∙e∙s de retard mental, de difficultés en lien avec leur agressivité et de taux de placements foyer plus élevés. La problématique principale du second sous-groupe est une décompensation de la pathologie psychiatrique sous-jacente.
Chez les patient∙e∙s avec de multiples placements en foyer, 90% ont eu un comportement violent, justifiant l’hospitalisation. Le taux de comportement agressif est légèrement plus élevé en cas d’abus de substances. On observe plus d’abus de substances chez les patient∙e∙s avec placements multiples en foyer.
Les personnes atteintes de retard mental ont subi plus de changements de foyer que celles sans retard mental. Par contre, on ne remarque pas de durée d’hospitalisation plus longue chez ces personnes Contrairement à ce qui pourrait être attendu, le diagnostic de psychose ne constitue pas un facteur de risque pour un comportement agressif.
Discussion
Lors de ce travail, différentes problématiques paraissent impliquées dans les hospitalisations de longue durée au sein des services de psychiatrie aigüe. Premièrement, la gestion des comportements violents semble centrale, sachant que l’agressivité est identifiée comme l’une des causes principales de réhospitalisation. Deuxièmement, la prise en charge des patient∙e∙s présentant à la fois un handicap mental et un trouble psychiatrique semble également comporter des lacunes et doit être améliorée. Troisièmement, la gestion à long terme de la psychopathologie doit également être améliorée afin d’éviter les rechutes et d’offrir une stabilité au∙à la patient∙e. Afin de soutenir dans la communauté les patient∙e∙s atteint∙e∙s de troubles psychiatriques, de nombreuses structures ambulatoires ont été développées. A titre d’exemples, l’instauration de case manager, de projets tel que « chez soi d’abord » ou encore le développement d’unités hospitalières spécialisées en réadaptation offrent des résultats très prometteurs et méritent d’être développés, dans le but de diminuer le taux de réhospitalisations répétées ou de longues durées. Le réseau ambulatoire joue également un rôle primordial. Il est nécessaire de le développer en soutenant et en enrichissant le lien entre le∙la médecin de premier recours, les hébergements socio- éducatifs, les proches et l’hôpital.
Conclusion
Suite au phénomène de désinstitutionalisation et à la fermeture des « asiles psychiatriques», on observe le développement de nombreuses structures ambulatoires visant à soutenir dans la société les patient∙e∙s souffrant de troubles psychiatriques. Malgré cela, de nombreux∙ses patient∙e∙s sont encore sujet∙te∙s à des hospitalisations répétées ou de longue durée et ne sont donc pas en phase avec la mission de soins aigus dévolue aux hôpitaux. Différentes thématiques semblent participer à ce phénomène, telles que la gestion des comportements violents ou la prise en charge du handicap mental chez les personnes avec troubles psychiatriques concomittants. De plus, le développement et la coordination des différentes structures ambulatoires et acteurs∙trices du réseau du∙de la patient∙e jouent également un rôle essentiel. Ce sont autant de pistes à développer pour permettre une meilleure prise en charge de ce∙tte dernier∙ière et lui assurer plus de stabilité au sein de la communauté.
Keywords
désinstitutionalisation, haut∙e∙s utilisateurs∙trices, soins psychiatriques ambulatoires, hébergements, réhospitalisation
Create date
07/09/2022 12:39
Last modification date
22/12/2022 6:51
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