Langage et pouvoir à partir d’Emmanuel Lévinas

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Serval ID
serval:BIB_BD9497EEF0C3
Type
PhD thesis: a PhD thesis.
Collection
Publications
Institution
Title
Langage et pouvoir à partir d’Emmanuel Lévinas
Author(s)
Naharisoa Rico
Director(s)
Célis Raphaël
Institution details
Université de Lausanne, Faculté des lettres
Publication state
Accepted
Issued date
2021
Language
french
Abstract
Le présent ouvrage est une thèse pour mieux comprendre les problèmes concrets du mensonge et de l'injustice - pouvant détruire des vies humaines et le vivre ensemble lui-même - dus à l'usage du langage et à l'exercice du pouvoir tant au niveau interpersonnel que collectif. C'est à partir de l'éthique, en l'occurrence de la pensée d'Emmanuel Lévinas, auteur de l'éthique comme philosophie première, qu'il propose des pistes pour faire face à ces problèmes réels.
Usage du langage pour avoir le pouvoir ; détenir le pouvoir pour que le langage soit facilement accepté et suivi d'effet ; et langage au service du pouvoir. Cette intrication constitue le point d'appui des questionnements plus complexes abordés dans ce travail doctoral. Il y a en effet interaction entre le locuteur et l'interlocuteur, ou au niveau collectif, entre les gouvernants et les gouvernés. S'il est facile de tromper l'interlocuteur ou le peuple - parce qu'il n'a pas un niveau d'éducation suffisant- il suivra facilement le trompeur le plus habile.
D'où la nécessité de savoir ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas dans ce qui est dit, dans ce qu'on entend de ceux qui parlent en face de soi ou à travers les nombreux moyens de communication actuels. C'est ce problème de la compréhension de la vérité dans le langage qui est traité dans la première partie de cette thèse. À la différence des dialogues de Socrate avec les sophistes, posant les prémices des conceptions actuelles sur cette question, dont le point de vue familier selon lequel la vérité est au plus profond de chaque individu, et de ce qu'enseigne Heidegger pour qui le silence est une condition essentielle pour la manifestation de la vérité ; cette thèse soutient, en s'appuyant sur des œuvres de Lévinas, que la quête de la vérité suppose l'ouverture à l'autre. Celle-ci, pour être effective, n'attend pas de retour : la recherche de la vérité n'a pas en vue un intérêt égoïste. Cette relation se concrétise par la responsabilité à l'égard de l'autre, plus précisément de sa vulnérabilité. La vérité ne laisse ainsi pas indifférent, elle oblige à être responsable envers la faiblesse de l'autre, du tiers et de tous. En effet, elle a pour corrélat indispensable le souci de la justice - impossible à l'ignorant - qui est l'objet de la deuxième partie de cette thèse. Comment cette justice peut se réaliser dans le contexte de la réalité sociale, compte tenu des jeux de pouvoirs, des visées de domination qui la minent dès le départ ? Le présent ouvrage ne fait pas l'apologie de l'anarchie lorsqu'il met en question l'usage illégitime du pouvoir. Au contraire, il continue à lui associer le sens de la justice pour que la dignité de ceux qui y sont assujettis soit respectée. Ce faisant il recourt à Hobbes pour la nécessité de l'Etat qui protège la vie de chacun au sein de la société, et à la volonté générale, selon Rousseau, afin de se prémunir contre la tyrannie et la volonté populaire portée par des habiles rhéteurs et des manipulateurs qui - à l'insu du peuple - ne pensent qu'aux intérêts privés. Cette thèse soutient dans le sillage de Lévinas et de Platon que le pouvoir doit être confié aux sages se souciant de la vérité, de la justice et de l'humanité. Elle précise que la paix et la guerre se caractérisent par le rapport à la vulnérabilité : la guerre s'en sert, tandis que la paix la sert.
Create date
10/02/2022 13:32
Last modification date
03/03/2022 12:22
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