Généralement tabou au théâtre, le sang occupe une place de premier plan dans le proverbe d’éducation La Saignée, ou bon sang ne peut mentir de Thomas Garnier (1784). Il y assume une valeur à la fois dramaturgique, liée aux ressorts de l’intrigue, pathétique, visant à émouvoir le public par des images saisissantes, et morale, la représentation de vertus récompensées étant l’un des schémas narratifs privilégiés dans le théâtre d’éducation. Analyser ces différentes significations du sang et la manière dont elles sont évoquées et employées dans le texte implique également de montrer que ce proverbe s’inscrit dans un plus vaste débat esthétique du temps, dont il met en exergue quelques idées-phares : l’esthétique du tableau, la notion de pathétique, celle de sensibilité comme synonyme de vertu.