Introduction et objectifs : La transplantation rénale figure dans les guidelines comme le traitement de premier choix de l'insuffisance rénale terminale. Parallèlement, le besoin de greffons est en constante augmentation et le nombre de donneurs décédés ne satisfait pas la demande grandissante. Le don vivant est un moyen de faire face à cette demande, mais ne suffit pas à la satisfaire. Une extension des critères de sélection de donneurs vivants est un moyen d’augmenter le nombre de greffon disponible. L’âge est un exemple de critère de sélection pouvant être étendu, car il n’existe pas de limite officielle fixée par la loi et il n’y a pas de consensus à ce sujet dans la littérature médicale. Au CHUV, le nombre de donneurs vivants de rein de plus de 60 ans est en constante augmentation. Afin de répondre à la volonté d'offrir un maximum de transplantations, des recommandations plus précises sont nécessaires car peu d'études sur l'évolution de la fonction rénale dans cette catégorie d'âge existent aujourd'hui. Le but du projet est de mesurer l'impact de la néphrectomie unilatérale chez des donneurs vivants de plus de 60 ans sur le débit de filtration glomérulaire (DFG), reflétant pour partie la capacité de compensation du rein restant.
Méthodes : L'étude inclus 27 donneurs vivants âgés de plus de 60 ans. La fonction rénale de tous les donneurs avant néphrectomie a été mesurée à l'aide de deux méthodes : estimée par la formule CKD- EPI à partir de la créatinine plasmatique (DFGe), ainsi que la mesure du DFG (DFGm) par la clairance du 51Cr-EDTA par le service de médecine nucléaire du CHUV. En même temps une scintigraphie rénale à l'123I-Hippuran a été effectuée. Une seconde scintigraphie à l'123I-Hippuran et par 51Cr-EDTA est organisée au moins 6 mois post néphrectomie (moyenne de 2 ans et 11 mois ± 19.9 mois).
Résultats: L’étude inclut 27 patients comprenant 15 femmes et 12 hommes (55.6 et 44.4 % respectivement), âgés de 60 à 78 ans lors du don (moyenne de 65 ± 4.6 ans).
La fonction de filtration glomérulaire rénale mesurée avant et après le don avec une intervalle entre les deux mesures allant de 6 mois à 6 ans (2 ans et 11 mois ± 19.9 mois en moyenne). Le DFGe était respectivement en moyenne de 85 ± 15 mL/min/1.73m2 et de 56 ± 13.3 mL/min/1.73m2 avant et après le don, avec une différence moyenne DFGe-DFGm de 8.13 ± 16 mL/min/1.73m2 avant et de 3.89 ± 10.9 mL/min/1.73m2 après le don (9.66 % et 6.92 %). En moyenne, le DFGm passe de 76.04 ± 16.4 mL/min/1.73m2 à 52.22 ± 8.8 mL/min/1.73m2, l’ERPF de 351.7 ± 64.3 ml/min à 231.6 ± 44.6 ml/min avec une diminution globale de 23.8 ± 14.3 mL/min/1.73m2 et de 120.1 ± 67.3 ml/min respectivement (31.33 % et 34.13 %). Nous observons une augmentation globale de l’indice d’accumulation de 8.65 ± 1.94 à 10.55 ± 1.96 (21.88 %).
La capacité de compensation séparée du rein restant est en moyenne de 18.3 ± 17 mL/min/1.73m2. Ce qui correspond à une augmentation du DFG moyen de 37.4 ± 31.4 %. Sur 23 patients, 21 ont vu leur DGFm augmenter de ≥5 %. Il n’y a pas de corrélation significative entre l’âge au moment du don et la capacité de compensation du rein (NS).
Conclusion : Nous observons une diminution de la fonction rénale globale inférieure à la différence attendue par la perte de la fonction du rein donné, et ceci pour les différents indicateurs de fonction étudiés : DFGm, DFGe et ERPF total. Le gain de fonction rénale séparée du rein restant observé en DFGm, DFGe et ERPF avant et après le don, reflète un degré d’adaptation du rein restant du donneur après néphrectomie unilatérale. La filtration glomérulaire propre du rein restant augmente quant à elle au sein de la population étudiée, et ceci de façon significative (p<0.01). Nous observons une légère diminution de la capacité d’hyperfiltration compensatrice du rein restant avec l’âge, sans toutefois pourvoir considérer cela comme significatif (NS). Des signes d’hyperfiltration pathologiques, telle qu’une albuminurie n’ont pas été observés. En parallèle, une augmentation signification de l’IA avant le don est mesuré après le don.