Contexte: Le staphylocoque doré résistant à la méticilline (methicillin-resistant Staphylococcus aureus, MRSA) est un germe sous surveillance à l'hôpital. Parce qu'il est difficile de traiter ce germe, dû à sa résistance à de multiples antibiotiques, il nécessite la mise en place de mesures additionnelles pour les patients qui en sont porteurs afin de limiter sa transmission. Il est donc important de disposer d'un test rapide permettant de dépister ces porteurs au plus tôt. Le test rapide PCR XpertMRSA est utilisé au CHUV depuis 2009. Pourtant, ce test révèle des résultats faux positifs (tests rapides positifs alors que la culture est négative) pour lesquels des mesures additionnelles, telles que la mise en isolement de ces patients, sont appliquées par précaution. L'hôpital ne prend-t-il pas trop de précautions en plaçant ces patients en isolement?
Objectifs: Le but principal de ce travail a été de déterminer si les patients dont les résultats de dépistages MRSA sont positifs par test rapide et négatifs par culture, ont plus de facteurs de risques d'être porteur de MRSA. Comme but secondaire, nous avons également évalué la performance de la nouvelle version du test rapide PCR Gene XpertMRSA utilisé pour leurs détections.
Méthodes: Nous avons réalisé une étude cas-témoins, rétrospective, mono-centrique sur les facteurs de risques d’un portage ou d’une infection à MRSA chez des patients ayant eu un résultat faux-positifs. Nous disposons des résultats de laboratoire des dépistages MRSA par test rapide et par culture, et un questionnaire a été établi pour rechercher des données démographiques, cliniques et de laboratoire pour déterminer la probabilité de portage de MRSA des patients pour lesquels un résultat faux positif a été obtenu.
Résultats: Nous avons pu mettre en évidence une amélioration de la performance de la nouvelle version du test rapide XpertMRSA par rapport aux anciennes versions ainsi que par rapport à d’autres études réalisées avec la même version. Nous avons également pu mettre en évidence que les patients faux positifs étaient plus nombreux à avoir des antécédents de MRSA, à avoir un prélèvement positif au MRSA plus tard dans leur vie, à être sous traitement antibiotique lors du prélèvement discordant, à avoir une plaie ou un ulcère, ou encore à avoir une comorbidité plus élevée selon l’index de Charlson.
Conclusions: Nous avons pu conclure que l’application de mesures additionnelles, telles que la mise en isolement du patient, est justifiée pour des patients ayant des résultats faux positifs à cause de leurs risque accru d’être infectés par le MRSA.