Diverse et unifiante : La réécriture arthurienne de Jacques Roubaud

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Serval ID
serval:BIB_AC7221B1C704
Type
PhD thesis: a PhD thesis.
Collection
Publications
Institution
Title
Diverse et unifiante : La réécriture arthurienne de Jacques Roubaud
Author(s)
Ding Leticia
Director(s)
MUHLETHALER Jean-Claude
Codirector(s)
O'MEARA Lucy
Institution details
Université de Lausanne, Faculté des lettres
Publication state
Accepted
Issued date
2020
Language
french
Abstract
En réécrivant la légende du Graal que ce soit au théâtre, pour les enfants ou en tant que critique littéraire, Jacques Roubaud bâtit un pont entre le Moyen Âge et la modernité, illustrant à la fois les caractéristiques propres de la poétique médiévale et les procédés de création modernes. Avec Florence Delay, Roubaud recrée l'ensemble du cycle arthurien en réutilisant la matière de Bretagne et en l'agençant conformément à la structure du roman médiéval. Il se place ainsi dans la lignée directe de Chrétien de Troyes et des écrivains médiévaux, tout en actualisant la légende en adéquation avec les valeurs culturelles et sociales d'un lecteur actuel, à travers un jeu où l'anachronisme est roi.
Si cette recréation permet de saisir les démarches principales du geste de réécriture, elle incite à prendre en considération la pratique du recyclage culturel défini comme « la réutilisation d'un matériau culturel déjà disponible dans une nouvelle pratique». Si la réécriture est l'apanage des médiévistes, le recyclage est une conception moderne et surtout postmoderne de la production culturelle. Ces deux notions se font écho dans l'œuvre de Roubaud et en particulier dans Graal Théâtre : les différents épisodes qui composent la légende arthurienne sont réécrits, mais l'ensemble de la légende est recyclé dans la mesure où Roubaud la réintroduit dans un nouveau cycle de création. Une des particularités de ces deux procédés se marque par la transposition dramaturgique de la légende qui permet de retransmettre une oralité, renvoyant à la vocalité du texte médiéval étudiée par Paul Zumthor. La recherche de la voix dans les textes est aussi l'enjeu des adaptations arthuriennes faites pour la jeunesse, en particulier Le Roi Arthur au temps des chevaliers et des enchanteurs dans lequel l'auteur réhabilite la parole du conteur.
Enfin, la réécriture roubaldienne ne se limite pas uniquement à la reprise d'hypotextes médiévaux, mais se caractérise également par un processus d'autoréécriture établissant alors un réseau et des liens intratextuels entre les œuvres de l'auteur. L'œuvre roubaldienne s'émancipe des sources médiévales, mais reproduit sur elle-même le même travail que les médiévaux appliquaient sur les textes du Moyen Âge. L'œuvre acquiert une autonomie et rend compte d'une autoréflexion sur les mécanismes de compositions littéraires médiévaux. A cela s'ajoute un discours théorique sur ces pratiques littéraires qui s'entrelace à la fiction. L'œuvre en plus d'être autoréflexive devient dès lors autodiscursive. Cependant, cette coprésence entre fiction et théorie au sein d'un même récit n'est pas en désaccord avec la poétique médiévale. Comme tend à le démontrer Todorov, le récit médiéval est souvent double. Il contient sa propre glose, juxtaposant le texte et le méta-texte. Roubaud présente aussi un récit double, à l'exception qu'il substitue à la lecture allégorique une lecture théorique. Si l'écriture roubaldienne apparaît, dans un premier temps, étrange et originale, elle rend compte d'une rigoureuse étude des mécanismes d'écriture des textes médiévaux pour en restituer une brillante et fidèle imitation. L'écriture de Roubaud tend à rapprocher l'altérité de la littérature médiévale des pratiques actuelles de création ; démontrant que ces dernières sont davantage le résultat d'une renaissance que d'une pure invention, tout comme l'étaient déjà les pratiques médiévales de création.
Create date
23/03/2020 15:54
Last modification date
24/03/2020 6:20
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