RÉSUMÉ
INTRODUCTION : Les médecins seront de plus en plus confrontés à prendre en charge des centenaires. Les études sur les électrocardiogrammes (ECG) de ces patients très âgés sont peu nombreuses et présentent des conclusions parfois contradictoires.
OBJECTIF : Déterminer les caractéristiques électrocardiographiques (ECG) des centenaires et les corréler aux informations cliniques pertinentes tirées des dossiers.
MÉTHODE : Nous avons étudié rétrospectivement 108 ECG de centenaires hospitalisés au CHUV. Les données ont été complétées par les diagnostics, interventions et médicaments significatifs pour l’ECG, extraits électroniquement pour chaque patient, ainsi que par les rapports échocardiographiques disponibles. Dix-huit patients ont été exclus du collectif ; 90 centenaires ayant eu un ECG ont été retenus dans l’étude.
RÉSULTATS : Septante femmes (F) (78%) et 20 hommes (H) ont été inclus. Seules 5 patientes (6%) présentaient un ECG normal. Huitante % des patients étaient en rythme sinusal ; 38% présentaient des extrasystoles supraventriculaires (ESSV), essentiellement atriales, et 19% étaient en fibrillation ou flutter auriculaires. Parmi les troubles de conduction, on note 54% d’ECG avec troubles de conduction auriculaires, 38% avec troubles de conduction atrio- ventriculaires, et 43% avec des troubles de conduction intra-ventriculaires. Les critères d’hypertrophie ventriculaire gauche étaient présents sur 32% des tracés. On retient des différences significatives entre les sexes pour les paramètres suivants : rythme sinusal (F>H), FA et flutter auriculaires (H>F), ESSV (F>H), largeur de QRS (F : 94 ± 3 ms, H : 107 ± 5 ms).
CONCLUSION : Une minorité d’ECG de centenaires est normale (6%). Les pathologies prédominantes sont les arythmies et les troubles de conduction. Il apparaît important de ne pas négliger les ESSV (principalement atriales), les troubles de conduction inter-auriculaires et les blocs atrio-ventriculaires du 1er degré, reconnus notamment comme facteurs de risque de la FA ; une étude prospective à large échelle se justifie pour en évaluer objectivement le risque.