L’adaptation prismatique est un protocole utilisé pour l’étude de la plasticité cérébrale ainsi que pour la réhabilitation des patients hémi négligents. Lors d’une séance d’adaptation prismatique, l’exposition à des prismes optiques induit un décalage perceptuel qui trouble l’exécution de tâches motrices simples, tel que le pointage d’une cible. Ce décalage provoque la mise en œuvre de mécanismes compensatoires complexes afin d’adapter nos mouvements et de corriger l’erreur. La persistance de ces mécanismes visuomoteurs après adaptation est nommée after-effect.
Notre étude vise à reproduire les effets de l’adaptation prismatique droite chez des sujets sains, dans un environnement simulé par réalité virtuelle. Pour cela, les participants effectuent une tâche de pointage de cibles, en étant équipé d’un visiocasque et d’une manette avec suivi positionnel. Durant cette tâche, l’avatar représentant la main du participant est dévié de sa position réelle, par une rotation de 20 degrés vers la droite. Le but recherché étant l’induction chez les participants, d’une recalibration visuomotrice. Après adaptation, l’after-effect est évalué en environnement virtuel puis par une tâche de pointage sur planche.
Les résultats montrent que les participants exposés à la rotation simulée par réalité virtuelle se sont adaptés de manière à atteindre les cibles. Après adaptation, l’évaluation par pointage a montré une déviation systématique vers la gauche. La persistance de cette déviation lors de l’évaluation hors environnement virtuel confirme qu’il s’agit d’un after-effect résultant d’une recalibration visuomotrice, bien que l’évaluation comportementale par la tâche de bissection de lignes n’ait pas montré de différence entre les sessions avant et après adaptation.
En conclusion, ces résultats suggèrent qu’un protocole basé sur la réalité virtuelle immersive peut induire une adaptation visuomotrice comparable à l’adaptation prismatique classique. Cette étude est donc une première étape de vérification des effets de l’adaptation en réalité virtuelle, la prochaine étape concernant l’utilisation de cette nouvelle technologie sur des patients héminégligents pourra donc démarrer prochainement.