Introduction : Les hyperglycémies sont fréquentes chez les nouveau-nés très prématurés, particulièrement durant leurs premières semaines de vie. Il existe des données, surtout expérimentales sur des ratons, suggérant que les hyperglycémies pourraient péjorer le développement cérébral, mais cela reste très peu exploré chez l’être humain.
Objectif : Le but de cette étude était d’investiguer, dans une cohorte de 51 enfants nés à moins de 30 semaines d’âge gestationnel, l’association entre les hyperglycémies et le développement cérébral, d’un point de vue structurel, par imagerie par résonnance magnétique (IRM) à terme (outcome primaire), et fonctionnel, par le suivi du développement à 18 mois et 5 ans (outcomes secondaires).
Méthode : Il s’agit d’une étude observationnelle effectuée à partir d’une cohorte prospective de 51 nouveau-nés âgés de <30 semaines d’âge gestationnel (AG) à la naissance, chez qui plusieurs IRMs cérébrales ont été effectuées, notamment à l’âge du terme équivalent. Le développement cérébral a été évalué sur ces IRMs à l’aide du score de Kidokoro et des volumétries, et fonctionnellement par les scores de Bayley à 18 mois et des tests de Kaufman à 5 ans. Les données glycémiques des patients ont pu être extraites à partir des dossiers informatisés, permettant de déterminer l’aire sous la courbe, ainsi que le nombre de pics hyperglycémiques à > 8 et >10 mmol/L, respectivement. Les associations entre l’exposition glycémique et les scores de Kidokoro, de Bayley et de Kaufman ont été analysées par des régressions uni- et multivariées.
Résultats : Au total, 48 patients ont été inclus. L’âge gestationnel moyen à la naissance était de 27 semaines, et le poids moyen de 900 grammes. Les résultats des analyses uni- et multivariées ont montré une association significative entre les pics hyperglycémiques > 8 ou >10 mmol/L et un risque d’IRM plus pathologique à terme selon Kidokoro (OR = 1.1 et 1.37, p = 0.02 et 0.03 respectivement), particulièrement pour les enfants ayant présenté plus de 5 pics. Les résultats indiquent également une association entre une augmentation du nombre d’hyperglycémies de > 8 mmol/L et une diminution des volumes cérébraux (β = 0.01, p = 0.01).
A 18 mois, le nombre de pics d’hyperglycémies > 8 ou 10 mmol/L était significativement associé à une diminution du score psychomoteur (β = 0.009 et 0.02, p = 0.02 et 0.01, respectivement). Concernant le score cognitif, les valeurs se situaient juste à la limite de la significativité statistique (p = 0.05).
A 5 ans, l’association entre une augmentation du nombre de pics hyperglycémiques et une diminution du Q.I n’atteignait plus la significativité statistique (p = 0.06).
Conclusion : Ce travail suggère un impact négatif des pics hyperglycémiques lors des deux premières semaines de vie, particulièrement en cas d’hyperglycémies > 10 mmol/L, sur le risque d’IRM anormales à terme, les volumes cérébraux, ainsi que le score de développement psychomoteur à 18 mois. Il n’a pas permis d’identifier une association entre les hyperglycémies et une diminution du score cognitif à 18 mois ni du Q.I à 5 ans, bien qu’une tendance semble exister.
Etant donné une puissance faible, avec une population limitée, de futures études devront confirmer ces résultats d’une part, et déterminer d’autre part si un meilleur contrôle glycémique permet de contribuer à l’amélioration du développement cérébral dans cette population.