Il s’agit ici d’ouvrir la boîte noire des scissions, et dans cet esprit d’en comparer deux touchant un groupe d’extrême gauche genevois d’obédience marxiste-léniniste des années 70, le Centre de liaison politique (CLP). Nous montrons que ces deux situations de crise ont été marquées par une variation dans l’intensité des émotions négatives, la première scission en suscitant plus que la seconde. Pourquoi certaines crises produisent-elles plus d’émotions négatives que d’autres ? Nous explorons les raisons, étroitement politiques comme plus largement sociales, qui président à cette variation. Nous commençons par repérer les traces de ces émotions négatives accompagnant ces deux scissions, leur formes et intensité. Puis nous en explorons les déterminants, d’abord sous l’angle de l’organisation, en nous penchant sur le contenu politique et le déroulement (au sens d’un échange de coups entre militants) des scissions, intervenant à deux moments de l’histoire du CLP. L’insuffisance d’une lecture interne de la dynamique de la crise nous conduit enfin à rapporter ces émotions négatives et leur variation à des états contrastés du champ politique radical, et aux propriétés des acteurs impliqués