Objectifs : Évaluer la valeur diagnostique supplémentaire de l’angioscanner des veines des membres inférieurs (CTV) réalisé simultanément à l'angioscanner des artères pulmonaires (CTPA) dans le contexte de maladies thromboemboliques pour la détection de thromboses veineuses profondes (TVP) et d'autres résultats scannographiques pertinents.
Matériels et méthodes : Rétrospectivement et consécutivement, nous avons inclus tous les patients admis dans notre service d'urgence au cours des 24 derniers mois pour une suspicion d'embolie pulmonaire (EP) qui ont subi un CTPA combinée à un CTV. Deux radiologues, aveugles aux informations cliniques et aux résultats, ont analysé indépendamment les images de CTV dans le contexte de TVP des membres inférieurs et d'autres résultats abdominaux/pelviens non connus. Les résultats ont été classés comme pertinents avec des conséquences thérapeutiques ou non pertinents. Un radiologue a examiné les dossiers cliniques des patients. L'accord inter‐observateurs pour la détection de la TVP a été calculé.
Résultats : Sur 696 patients, 119 avaient une EP (17,1 %) et 54 une TVP (7,8 %), dont 16 (2,3
%) sans EP concomitante. L'accord inter‐observateurs entre les deux lecteurs était substantiel (kappa = 0,78). Les examens de CTV ont permis de diagnostiquer des observations accessoires abdominales/pelviennes pertinentes chez 40 (5,7 %) patients, dont 11 présentant de nouvelles tumeurs malignes et 8 une maladie métastatique progressive.
Les facteurs de risque cliniques et biologiques évalués n'ont pas été associés de manière significative à la présence d'observations fortuites pertinentes. Le CTV a modifié la prise en charge thérapeutique de 29 patients (4,3 %) : 15 ont eu une TVP sans EP, et 14 ont présenté des observations abdominales/pelviennes avec des conséquences thérapeutiques.
Conclusion : Le CTV réalisé simultanément avec le CTPA offre une valeur surajoutée limitée pour la détection des TVP. Elle peut révéler d'autres résultats pertinents conduisant à des changements thérapeutiques, mais son faible taux ne justifie pas le dépistage chez les patients qui se présentent aux urgences pour suspicion d'EP.