Introduction :
Le prolapsus vaginal est une pathologie fréquente chez la femme qui pourrait concerner jusqu’à 50% des femmes qui ont eu des enfants (3). Les facteurs de risque de développer un prolapsus vaginal sont nombreux et certains ne sont pas modifiables : notamment l’âge, les accouchements par voie basse et la ménopause. Face à cette pathologie fréquente, il convient de se questionner sur les approches thérapeutiques. Notre recherche se focalisera principalement sur le compartiment moyen, prolapsus de l’utérus, qui peut notamment être corrigé par une fixation sacrospinale. Cette technique chirurgicale, également appelée opération de Richter est largement pratiquée depuis 1958.
Objectif :
Le but de ce travail de maîtrise est de reprendre les cas d'opérations de Richter afin de réaliser une documentation de cas de cette chirurgie sur les dix dernières années au CHUV. Cela permettrait de mieux caractériser les patientes qui bénéficient de ce type de chirurgie et également de comprendre quelles sont les complications et les résultats d’une fixation sacrospinale.
Méthode :
Premièrement, une revue de la littérature (PubMed, Cochrane library) a été entreprise. Par la suite, la récolte des données a été réalisée de manière rétrospective par analyse des dossiers SOARIAN et ARCHIMED du CHUV. 165 patientes sont incluses dans l’étude. Il s’agit des patientes opérées au CHUV entre le 1er janvier 2008 et le 31 décembre 2018 pour une reconstruction d’un prolapsus vaginal par la technique de fixation sacrospinale par abord vaginal. Le protocole de recherche de cette étude a été approuvé par la Commission cantonale d’éthique et de recherche sur l’être humain (CER-VD).
Résultats :
Cette étude a permis de préciser le type de patientes ayant recours à une fixation sacrospinale au CHUV . Les femmes ont en moyenne 66,58 ans et un BMI moyen de 25,90 kg/m". Concernant leurs comorbidités, elles sont 35,15% à souffrir d’hypertension, 9,09% de diabète et 13,2% ont un tabagisme actif ou ancien. Sur le plan gynécologique, les patientes souffrent de prolapsus variés pouvant affecter à différents degrés les trois compartiments. Pour l’hystérocèle, elles sont 70,4% à souffrir d’un prolapsus de degré 2 ou 3. Nous avons également pu détailler les caractéristiques de la chirurgie : la durée moyenne est de 02h23min, l’hospitalisation de 3,97 nuits en moyenne et les pertes sanguines sont faibles (<500 mL) dans 55,15% des cas. De plus, la chirurgie est fréquemment associée à d’autres gestes chirurgicaux notamment la colporraphie (antérieure ou postérieure) dans 72,1% des cas et l’hystérectomie (78,1%). Le taux de récidive dans cette recherche s’élève à 11,52% et le taux de complications postopératoires à 23,03%. Par la suite, nous avons montré que certaines comorbidités semblent augmenter le risque de complications ou de récidive. Les complications sont augmentées dans le cadre du diabète avec un odds ratio (OR) de 4,18 et du surpoids (OR = 2,4). La récidive est augmentée dans la population de femmes fumeuses (tabagisme ancien ou actif) avec un odds ratio de 2,5. De plus, les femmes ayant une hystérectomie préalablement à la fixation sacrospinale récidivent plus que celles ayant une hystérectomie durant la chirurgie (OR = 2,54).
Conclusions :
Ce travail de Master a permis de détailler le type de patientes qui ont recours à cette chirurgie ainsi que les caractéristiques de la chirurgie, les complications et le taux de récidive. Concernant les résultats décrivant quelles patientes ont plus de complications ou quels sont les facteurs de risque de récidiver, ils sont à considérer avec précaution. En effet, le manque de suivi à long terme et la taille des échantillons ne permet pas de tirer de conclusions certaines et une étude de plus grande envergure sur un laps de temps précis et défini devrait être conduite pour confirmer nos hypothèses.