Le principe de Locard avance que toute action criminelle laisse des traces, traces que la science forensique nous apprend à détecter, collecter, analyser et finalement interpréter. Les traces évoluent naturellement en parallèle avec la criminalité et constituent par hypothèse un objet d’étude pertinent pour percevoir l’innovation en matière de délinquance. Elles représentent ainsi un vecteur d’information et de mise à jour précieux pour les scientifiques et professionnels intéressés par la criminalité. L’exploitation des traces dans cette perspective fait appel à des méthodes d’analyse scientifique et systématique qui relèvent essentiellement du renseignement forensique et de la traçologie. Au travers d’exemples issus de la recherche et de la pratique relatifs à différents types de traces, tels que l’ADN, les faux papiers d’identité, les traces de chaussures ou encore les produits stupéfiants, le chapitre expose comment et en quoi ces méthodes peuvent contribuer à comprendre la structure des activités et marchés criminels, à suivre leurs évolutions, à détecter l’émergence d’innovations criminelles, de nouveaux phénomènes et modes opératoires. Par ces méthodes d’analyse systématique, la science forensique élargit son horizon et participe à construire des connaissances qui portent à différents niveaux de généralité, de l’investigation d’un cas particulier à l’élaboration d’une perception de la délinquance sur les plans criminologique et stratégique. Cette science s’offre ainsi comme une méthodologie qui, avec d’autres, concourt à saisir la criminalité et à en détecter les innovations.