Les Heures de Jeanne de Savoie : une commande de Blanche de Bourgogne à Jean Pucelle et au maître du Cérémonial de Gand
Details
Serval ID
serval:BIB_6B28B0214D09
Type
PhD thesis: a PhD thesis.
Collection
Publications
Institution
Title
Les Heures de Jeanne de Savoie : une commande de Blanche de Bourgogne à Jean Pucelle et au maître du Cérémonial de Gand
Director(s)
Romano Gosetti di Sturmeck Serena
Institution details
Université de Lausanne, Faculté des lettres
Publication state
Accepted
Issued date
2024
Language
french
Abstract
Cette thèse, consacrée aux Heures de Jeanne de Savoie, s’inscrit dans une démarche résolument axée sur l’objet. Il s’agit donc tout d’abord d’un travail monographique complet sur un livre d’heures de luxe réalisé à Paris dans le premier quart du XIVe siècle. Tant par ses éléments constitutifs que par sa qualité artistique, ce livre d’heures qui fait appel aux plus grands enlumineurs de son époque suscite un éventail de questions captivantes. Il permet de comprendre la genèse du livre d’heures, avant sa large diffusion dans l’aristocratie, et d’observer comment se met en place l’organisation du volume et sa décoration. Quelles sont les options ouvertes aux artistes et aux commanditaires ? Quels sont leurs choix ?
Par une méthode résolument pluridisciplinaire, ce travail montre comment se sont constituées les séquences de textes et de cycles iconographiques mais aussi comment se structure la mise en image des livres d’heures. Cette approche permet d’observer notamment la nouveauté de la mise en page qui va marquer nombre de livres d’heures ultérieurs.
Au-delà de la monographie, cette thèse apporte de nouveaux éclairages sur la production enluminée parisienne du début du XIVe siècle et permet de mieux comprendre l’évolution picturale qui se joue à cette période. En élargissant le champ d’investigation à un grand nombre de manuscrits de luxe et en analysant l’ensemble de l’appareil décoratif – notamment les marginalia – cette recherche montre que les Heures de Jeanne de Savoie recèlent déjà de nombreuses innovations formelles – évolution chromatique de la palette, rôle des innombrables motifs marginaux, recherche naturaliste – qui transformeront l’art de l’enluminure du XIVe siècle. Les investigations menées amènent à identifier l’intervention de deux enlumineurs majeurs : Jean Pucelle et le Maître du Cérémonial de Gand. Elles aboutissent aussi à une réévaluation de la carrière de Jean Pucelle en montrant qu’il décore déjà en 1318 une charte pour le roi de France. Par ailleurs, grâce à l’examen d’un groupe d’œuvres accru, les contours de la personnalité artistique du Maître du Cérémonial de Gand peuvent désormais être précisés révélant un enlumineur de première importance dans plusieurs manuscrits et documents diplomatiques de membres de la royauté. De plus, ces observations autorisent de nouvelles réflexions sur les modes de collaboration entre les enlumineurs en cartographiant leurs associations. Elles montrent la circulation de motifs, les mutations de l’enrichissement de la palette chromatique et les prémisses du développement d’un langage naturaliste.
Enfin, la thèse est une clé d’accès pour l’étude de la commande artistique à la cour de Savoie dans la première moitié du XIVe siècle. Les éléments de datation fournis par l’analyse stylistique et iconographique autorisent en effet à proposer une commande artistique par Blanche de Bourgogne (1288-1348), comtesse de Savoie. En adoptant une approche méthodologique renouvelée des sources et en élargissant le champ d'étude au-delà des seules sources savoyardes, il est possible de porter un nouveau regard sur son action de commanditaire. La thèse brosse le portrait d’une femme puissante soucieuse de ses droits. Elle enrichit le corpus d'œuvres attribuables à Blanche de Bourgogne par l’identification de pièces d’orfèvrerie (couronnes et vaisselle précieuse) et d’ouvrages textiles de grande valeur. Les résultats de cette enquête permettent aussi de discuter de l'invisibilité culturelle et institutionnelle dans laquelle les femmes, fussent-elles princesses, sont reléguées. Par leur action de commande artistique elles furent plus puissantes et présentes que l’historiographie politique ne le laisse entendre.
Par une méthode résolument pluridisciplinaire, ce travail montre comment se sont constituées les séquences de textes et de cycles iconographiques mais aussi comment se structure la mise en image des livres d’heures. Cette approche permet d’observer notamment la nouveauté de la mise en page qui va marquer nombre de livres d’heures ultérieurs.
Au-delà de la monographie, cette thèse apporte de nouveaux éclairages sur la production enluminée parisienne du début du XIVe siècle et permet de mieux comprendre l’évolution picturale qui se joue à cette période. En élargissant le champ d’investigation à un grand nombre de manuscrits de luxe et en analysant l’ensemble de l’appareil décoratif – notamment les marginalia – cette recherche montre que les Heures de Jeanne de Savoie recèlent déjà de nombreuses innovations formelles – évolution chromatique de la palette, rôle des innombrables motifs marginaux, recherche naturaliste – qui transformeront l’art de l’enluminure du XIVe siècle. Les investigations menées amènent à identifier l’intervention de deux enlumineurs majeurs : Jean Pucelle et le Maître du Cérémonial de Gand. Elles aboutissent aussi à une réévaluation de la carrière de Jean Pucelle en montrant qu’il décore déjà en 1318 une charte pour le roi de France. Par ailleurs, grâce à l’examen d’un groupe d’œuvres accru, les contours de la personnalité artistique du Maître du Cérémonial de Gand peuvent désormais être précisés révélant un enlumineur de première importance dans plusieurs manuscrits et documents diplomatiques de membres de la royauté. De plus, ces observations autorisent de nouvelles réflexions sur les modes de collaboration entre les enlumineurs en cartographiant leurs associations. Elles montrent la circulation de motifs, les mutations de l’enrichissement de la palette chromatique et les prémisses du développement d’un langage naturaliste.
Enfin, la thèse est une clé d’accès pour l’étude de la commande artistique à la cour de Savoie dans la première moitié du XIVe siècle. Les éléments de datation fournis par l’analyse stylistique et iconographique autorisent en effet à proposer une commande artistique par Blanche de Bourgogne (1288-1348), comtesse de Savoie. En adoptant une approche méthodologique renouvelée des sources et en élargissant le champ d'étude au-delà des seules sources savoyardes, il est possible de porter un nouveau regard sur son action de commanditaire. La thèse brosse le portrait d’une femme puissante soucieuse de ses droits. Elle enrichit le corpus d'œuvres attribuables à Blanche de Bourgogne par l’identification de pièces d’orfèvrerie (couronnes et vaisselle précieuse) et d’ouvrages textiles de grande valeur. Les résultats de cette enquête permettent aussi de discuter de l'invisibilité culturelle et institutionnelle dans laquelle les femmes, fussent-elles princesses, sont reléguées. Par leur action de commande artistique elles furent plus puissantes et présentes que l’historiographie politique ne le laisse entendre.
Create date
10/09/2024 15:51
Last modification date
19/09/2024 6:14