Introduction
La pancréatite aigüe est une maladie inflammatoire du pancréas, qui est actuellement le diagnostic gastro- intestinal le plus commun exigeant une hospitalisation. Elle peut se décliner en forme bénigne ou sévère qui peuvent nécessiter plusieurs interventions et un séjour aux soins intensifs pouvant aller jusqu'à plusieurs mois. Comme la sévérité de la pancréatite aigüe est directement liée à la nécrose du tissu pancréatique (survenant dans près de 20% des cas), la mortalité passant alors de 1% à 10% - 40%, il est capital de traiter ces nécroses.
Plusieurs techniques existent pour traiter les nécroses du tissu pancréatique : l'approche chirurgicale ouverte, l'approche chirurgicale par laparoscopie et l'approche endoscopique. Actuellement, il a été démontré que les approches par laparoscopie et par endoscopie, moins invasives, surpassent l'approche chirurgicale ouverte désormais utilisée dans certaines indications seulement. Cependant, comme ces deux méthodes sont encore récentes, beaucoup d'études sont conduites dans le but de les comparer l'une à l'autre.
Méthode et analyse des patients
Étude rétrospective unicentrique non-randomisée de tous les patients majeurs ayant subi une nécrosectomie pour une pancréatite nécrosante au CHUV de janvier 2010 à mars 2019, avec au total 25 cas répartis dans les catégories « Endoscopie » (17 cas) et « Laparoscopie » (8 cas). Tous les patients du groupe endoscopie ont d'abord subi un drainage endoscopique, suivi d'une nécrosectomie. Tous les patients du groupe laparoscopie ont eu recours à un drainage percutané, précédant ou suivant le geste chirurgical. Certains patients ayant subi les deux types d'interventions, la répartition des groupes s'est faite suivant la thérapie ayant amené au succès clinique définitif. Les variables analysées comprennent les données préopératoires (principales comorbidités), opératoires (nombre et durée des interventions) et post-opératoires (morbidité, complication, succès et séjour hospitalier). La comparaison statistique a été effectuée à l'aide de JMP 15.0.0 avec les tests du khi-carré, exact de Fisher et des rangs signés de Wilcoxon, suivant la nature des variables. Une fois les données du CHUV analysées, elles ont été comparées à celles de la littérature actuelle concernant les approches laparoscopique et endoscopique dans la prise en charge de la pancréatite nécrosante.
Résultats
Aucune différence n'a pu être mise en lumière entre nos deux populations de sujets en terme de comorbidités ou de sévérité des pancréatites. Le nombre total d'interventions (laparoscopie, endoscopie et drainage percutané) n'a pas différé entre les deux groupes (4.5, p = 0.930). Dans le groupe laparoscopie, 4 patients (50%) ont d'abord subi une approche endoscopique avec plusieurs nécrosectomies, jugées insuffisantes, demandant un geste chirurgical ; 1 seul patient (12.5%) de ce groupe a nécessité des gestes endoscopiques entre deux laparoscopies. Aucune différence n'a pu être décelée entre les deux groupes (endoscopie vs laparoscopie), tant au niveau de la mortalité (11.8% vs 25%, p = 0.400), de la morbidité, de la durée d'hospitalisation, du taux de complications (35.3% vs 62.5%, p = 0.201), du taux de succès (68% vs 88.8%, p = 0.223) et du taux de conversion en chirurgie ouverte (8% vs 11.1%, p = 0.778). 2 fistules entéro-cutanées se sont déclarées dans le groupe endoscopie, uniquement chez des patients ayant recouru à un drainage percutané ou à une laparoscopie.
Conclusion
Notre étude rétrospective sur 10 ans d'interventions endoscopiques et laparoscopiques pour les pancréatites nécrosantes n'a pas réussi à démontrer de différence en terme de mortalité, de morbidité, de complications ou de succès dans les deux groupes de patients. Tous ces paramètres demeurent en accord avec la littérature actuelle, mis à part un taux de fistules entéro-cutanées, de fistules pancréatiques ainsi qu'une durée d'hospitalisation générale et aux soins intensifs, tous quatre sans différence significative entre les deux groupes.