La formation professionnelle est la filière post-obligatoire la plus fréquentée en Suisse : deux tiers des jeunes se forment dans la voie professionnelle à la suite de l'école obligatoire, parmi lesquel·le·s environ 80 % se dirigent vers le système dual. La formation initiale duale se déroule en alternance entre une ou deux journées par semaine d'enseignement théorique et pratique en école professionnelle et trois à quatre jours par semaine de formation pratique en entreprise, sous la responsabilité de formateurs et formatrices. Or, le rôle de ces personnes formatrices en entreprise (FEE) a été très peu étudié. Cette thèse vise à combler ce manque. Elle s'attache à mettre en lumière la diversité du rapport des personnes formatrices à leur fonction. Pour ce faire, elle s'appuie principalement sur les concepts et notions issus de la sociologie du travail. Elle adopte une approche qualitative et compréhensive, basée sur les propos de 80 formateurs et formatrices recueillis au travers d'entretiens semi-directifs menés en Suisse romande. A l'aide d'une démarche typologique descriptive, quatre profils idéaux­ typiques de FEE ont pu être élaborés: les « entrepreneur·e·s de soi», les « garant·e·s du métier », les « reconverti·e·s » et les « résigné·e·s ». Ces idéaux-types permettent de souligner la multiplicité des modes d'investissement de la fonction formatrice en entreprise, selon l' ethos professionnel des personnes concernées et selon les conditions concrètes d'exercice de leur fonction. La comparaison de ces quatre idéaux-types permet d'identifier quelques-uns des enjeux actuels de cette fonction, dont la tension entre les temporalités de la production et de la formation, et la manque de reconnaissance de la formation en entreprise. Les résultats de cette thèse permettent d'élaborer quelques recommandations à destination des diverses institutions impliquées dans la formation initiale duale en Suisse.
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Vocational training is the most popular form of post-compulsory education in Switzerland. Two thirds of young people end up in vocational education after compulsory schooling, of whom around 80% go into the dual training system. This involves the weekly rotation between one or two days of school-based theoretical and practical instruction and three to four days of company-based practical training, under the guidance of on-the-job trainers. The role ofthese on-the-job trainers has not been extensively studied to date. This thesis aims to fill this research gap by highlighting the internai diversity of this group. To so do, the thesis adopts a qualitative and comprehensive approach, relying mainly on 80 semi-directive interviews carried out with on-the-job trainers in the French-speaking part of Switzerland. The analysis draws extensively on concepts and notions drawn from the sociology of work. With the help of a descriptive typology, four ideal-type profiles of on-the-job trainers could be identified: 'entrepreneurs', 'artisans', 'converted' and 'resigned'. These ideal-types reveal the diversity of on-the-job training practices, depending on the professional ethos of trainers and the concrete conditions under which they carry out their duties. Comparison of the four ideal types also sheds some light on the major challenges facing the Swiss on-the-job training system at present, namely the lack of time to train and the lack ofrecognition for on-the-job trainers. On the basis of these results, we make a series of recommendations for the various institutions involved in the Swiss dual training system.