Statistics as a World Language for Public Health? International organizations, transnational actors and local agencies in China(s), 1917-1950s
Details
Serval ID
serval:BIB_3DA5BF89CEC9
Type
PhD thesis: a PhD thesis.
Collection
Publications
Institution
Title
Statistics as a World Language for Public Health? International organizations, transnational actors and local agencies in China(s), 1917-1950s
Director(s)
David Thomas
Codirector(s)
Rodogno Davide
Institution details
Université de Lausanne, Faculté des sciences sociales et politiques
Address
Faculté des sciences sociales et politiques (SSP)
Université de Lausanne
CH-1015 Lausanne
SUISSE
Université de Lausanne
CH-1015 Lausanne
SUISSE
Publication state
Accepted
Issued date
2017
Language
english
Abstract
Drawing from the archives of three continents, this dissertation traces the historical mechanism and socio-political contexts through which statistics become a legitimate means of communication within international health organizations. It also analyses the statistical practices that actors used to interact with each other at the international, national and local levels. American philanthropie foundations played a key rôle in this story. The Rockefeller Foundation funded the Johns Hopkins School of Public Health and the Peking Union Médical College, which formed a group of public health experts of différent nationalities sharing the same ideas about health-related statistics. These experts occupied important positions in health organizations either in China and/or Geneva (i.e., the League of Nations Health Organization, the World Health Organization) after their training, and implemented statistical practices within international health organizations and Chinese health administrations. These experts adapted their statistical practices according to the socio-political conditions of each organization. During the interwar years, international health organizations approached statistics according to their respective focuses and did not regularly inform nor attempt to integrate other's data into program-designing. Despite their omniprésence, statistics were less a language to communicate in-between organizations: statisticians invalidated their data easily by citing administrative failures, and donors assessed public health initiatives primarily based on the eloquence of the well-known experts. The situation evolved after World War II when vétérans of interwar health organizations blueprinted the WHO to be the center of ail sorts of statistical data, and devised statistical practices to connect fieldwork administration, research, and policy-making. Within such a system, statistical practices were integrated into the WHO's health programs and experts had to use statistics to justify their policy décisions. Both international health organizations and the ROC experts who collaborated with the WHO during the studied period had to handle statistics in a more sophisticated way. They carefully selected statistical data that supported their policies, discarded those that did not, and interpreted the remaining data in such a way that they could justify continuing policies despite preliminary results that were not necessarily favorable. Notably, such a statistical system was not prédominant in the People's Republic of China. The PRC interrupted its relationship with the WHO in 1949 and aligned its public health and statistical practices with socialist teachings, which focused on improving health conditions through improving socio-economic conditions, and condemned mathematical statistics as they failed to represent the reality of social inequality.
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Basée sur des archives se situant sur trois continents, cette thèse retrace les mécanismes historiques et les contextes socio-politiques par lesquels les statistiques sont devenues des moyens légitimes de communication avec les organisations internationales. Elle analyse également les pratiques statistiques que les différents acteurs ont utilisées pour interagir aux niveaux international, national et local. Les fondations philanthropiques américaines jouèrent un rôle clé dans ce processus. La Fondation Rockefeller finança la Johns Hopkins School of Public Health et la Peking Union Médical College, qui formèrent un groupe d'experts en santé publique de différentes nationalités partageant les mêmes idées concernant les statistiques dans le domaine de la santé. Après leur formation, ces experts occupèrent des postes importants dans les organisations de santé, que ce soit en Chine et/ou à Genève (à l'Organisation d'Hygiène de la Société des Nations et l'Organisation Mondiale de la Santé), où ils mirent en place des pratiques statistiques en les adaptant aux conditions socio- politiques particulières de chaque organisation. Durant l'entre-deux-guerres, les organisations internationales de santé considéraient les statistiques chacune en fonction de leur propre point de vue, sans échanger régulièrement entre elles ni chercher à intégrer les informations des autres organisations dans la construction de leurs programmes. Ainsi, malgré leur omniprésence, les statistiques n'étaient pas réellement une langue commune pour communiquer entre les organisations: les statisticiens invalidaient fréquemment leurs données statistiques en prétextant des lacunes administratives, et les donateurs évaluaient les initiatives en santé publique principalement à travers l'éloquence d'experts reconnus. La situation évolua après la Seconde Guerre Mondiale, lorsque les vétérans des organisations de santé conçurent l'OMS comme un centre collectant des données de toutes sortes, et développèrent des pratiques statistiques avec comme objectif de faire le lien entre administration du travail de terrain, recherche et élaboration des politiques publiques. Dans un tel système, les pratiques statistiques furent intégrées aux programmes de santé de l'OMS et les experts durent utiliser les statistiques pour justifier les politiques menées. Les organisations internationales de santé ainsi que les experts de la République de Chine qui collaboraient avec l'OMS durant cette période utilisèrent alors les statistiques d'une manière plus sophistiquée, en sélectionnant méticuleuscment les résultats statistiques qui pouvaient aller dans le sens des politiques définies, écartant d'autres, ou interprétant des résultats de manière à justifier la poursuite d'une politique en cours malgré des résultats préliminaires parfois peu favorables. De manière notable et contrairement à la République de Chine, ce système statistique ne fut pas prédominant en République Populaire de Chine. Celle-ci interrompit sa relation avec l'OMS en 1949 et aligna sa politique de santé publique et ses pratiques statistiques sur les préceptes socialistes, qui mettaient l'accent sur l'amélioration des conditions sanitaires à travers l'amélioration des conditions socio-économiques, en condamnant les statistiques mathématiques comme incapables de représenter la réalité des inégalités sociales.
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Basée sur des archives se situant sur trois continents, cette thèse retrace les mécanismes historiques et les contextes socio-politiques par lesquels les statistiques sont devenues des moyens légitimes de communication avec les organisations internationales. Elle analyse également les pratiques statistiques que les différents acteurs ont utilisées pour interagir aux niveaux international, national et local. Les fondations philanthropiques américaines jouèrent un rôle clé dans ce processus. La Fondation Rockefeller finança la Johns Hopkins School of Public Health et la Peking Union Médical College, qui formèrent un groupe d'experts en santé publique de différentes nationalités partageant les mêmes idées concernant les statistiques dans le domaine de la santé. Après leur formation, ces experts occupèrent des postes importants dans les organisations de santé, que ce soit en Chine et/ou à Genève (à l'Organisation d'Hygiène de la Société des Nations et l'Organisation Mondiale de la Santé), où ils mirent en place des pratiques statistiques en les adaptant aux conditions socio- politiques particulières de chaque organisation. Durant l'entre-deux-guerres, les organisations internationales de santé considéraient les statistiques chacune en fonction de leur propre point de vue, sans échanger régulièrement entre elles ni chercher à intégrer les informations des autres organisations dans la construction de leurs programmes. Ainsi, malgré leur omniprésence, les statistiques n'étaient pas réellement une langue commune pour communiquer entre les organisations: les statisticiens invalidaient fréquemment leurs données statistiques en prétextant des lacunes administratives, et les donateurs évaluaient les initiatives en santé publique principalement à travers l'éloquence d'experts reconnus. La situation évolua après la Seconde Guerre Mondiale, lorsque les vétérans des organisations de santé conçurent l'OMS comme un centre collectant des données de toutes sortes, et développèrent des pratiques statistiques avec comme objectif de faire le lien entre administration du travail de terrain, recherche et élaboration des politiques publiques. Dans un tel système, les pratiques statistiques furent intégrées aux programmes de santé de l'OMS et les experts durent utiliser les statistiques pour justifier les politiques menées. Les organisations internationales de santé ainsi que les experts de la République de Chine qui collaboraient avec l'OMS durant cette période utilisèrent alors les statistiques d'une manière plus sophistiquée, en sélectionnant méticuleuscment les résultats statistiques qui pouvaient aller dans le sens des politiques définies, écartant d'autres, ou interprétant des résultats de manière à justifier la poursuite d'une politique en cours malgré des résultats préliminaires parfois peu favorables. De manière notable et contrairement à la République de Chine, ce système statistique ne fut pas prédominant en République Populaire de Chine. Celle-ci interrompit sa relation avec l'OMS en 1949 et aligna sa politique de santé publique et ses pratiques statistiques sur les préceptes socialistes, qui mettaient l'accent sur l'amélioration des conditions sanitaires à travers l'amélioration des conditions socio-économiques, en condamnant les statistiques mathématiques comme incapables de représenter la réalité des inégalités sociales.
Create date
20/10/2017 13:17
Last modification date
20/08/2019 13:34