Cet article propose une grille permettant d’étudier la pluralité religieuse dans une variété d’institutions en s’appuyant sur le cas des institutions pénitentiaires. La matrice est une synthèse de différentes préconisations partagées par de nombreux chercheur-e-s qui travaillent sur la religion dans les institutions publiques. Pour dépasser une approche se limitant à la définition institutionnelle voire organisationnelle du religieux et de ses représentants et pour tenir compte de l’importance des enjeux de pouvoir le traversant dans ce contexte, l’auteure relève trois aspects : s’intéresser au religieux des différentes personnes qui sont présentes en institution ; prêter attention aux dispositifs matériels et spatiaux ; prendre en considération la dimension « symbolique » de l’institution étudiée ; d’un point de vue méthodologique, faire place à une démarche ethnographique. Une telle démarche permet de saisir le religieux dans les « zones grises » de l’institution. Cette notion est définie et illustrée par le cas suisse.