En 2016, le premier Cybathlon a eu lieu à Zurich. Il s’agit de compétitions dans lesquelles s’affrontent des personnes handicapées munies de prothèses bioniques dans des performances spécifiques : les gestes quotidiens. Indépendamment de l’utilité de ces prothèses permettant une réinsertion dans la société et même parfois un retour à une activité professionnelle, elles nous confrontent à plusieurs questions transhumanistes. Effectivement, ces inventions scientifiques proposées par les NBIC nous surprennent par des démarches technologiques extrêmement complexes et novatrices et qui souhaitent « modifier l’homme, l’améliorer, l’augmenter, [l]e dépasser » (Alexandre, Besnier, 2016).
L’artiste est le baromètre de ce temps du progrès : il observe, réfléchit et transpose dans son œuvre la réalité qui l’entoure. Il répond à travers son travail créatif aux transformations sociétales et anthropologiques qu’il vit lui-même. La scène s’empare de dispositifs technologiques, connus ou prototypés, pour donner sa propre position par rapport aux questions transhumanistes dont notamment l’analyse des frontières entre l’humain et la machine reste au cœur de notre communication. Plusieurs exemples scéniques seront analysés. En 2018, Angela Konrad met en scène le texte Les robots font-ils l’amour ? d’après un essai signé par Laurent Alexandre et Jean-Michel Besnier. Elle choisit la forme d’un théâtre-colloque qui débat les 12 questions proposées par les deux auteurs français. Mortel Algorithme de 2019, porté par Empowered Foundation, est un autre exemple à mi-chemin entre le théâtre, un colloque et une forme interactive qui soumet l’intelligence artificielle à un procès. A la fin, le spectateur peut se prononcer en participant à un sondage. Guillaume Béguin, à son tour, présente dans son spectacle Titre à jamais provisoire (2018) un robot qui souhaite enfanter. Sans feux d’artifice technologique puisque l’androïde est joué par l’actrice Lou Chrétien-Février. Le metteur en scène « brise le tabou qui sépare les humains des robots, celui de la reproduction et, donc, de la transmission » (Génecand, 2018).
Pour les chercheurs Geneviève Ferone et Jean-Didier Vincent, les « transhumanistes sont des idéologues » qui proclament des « humains augmentés » en raison de l’imperfection qu’ils voient dans l’espèce humaine (Ferone, Vincent, 2011).