Le voyage a toujours été l'un des sujets privilégiés de la photographie stéréoscopique. A partir de 1898, les frères Underwood commencent à publier une série de voyages stéréoscopiques qui contient en général 100 vues stéréoscopiques d'un pays et qui se présentent comme de vrais substituts du voyage physique. Certains de ces voyages sont enrichis par un livre et par des cartes dans lesquelles sont indiqués les champs de vision et les points de vue d'où chaque image a été réalisée. Ce système cartographique, absolument novateur, est conçu pour accentuer la sensation d'immersion dans l'espace que le voyageur est censé parcourir assis dans son salon mais en suivant les cartes et en regardant les stéréogrammes organisés selon des itinéraires définis. A travers l'analyse de l'ouvrage de S. M. Emery, Switzerland through the Stereoscope : a Journey over and around the Alps (New York, 1901), nous nous proposons de montrer comment, au début du XXe siècle, grâce à un dispositif optique original, on construit un paysage touristique alpin tout à fait spectaculaire adapté à un nouveau type de touriste, celui qui ne peut ou ne veut pas voyager.