Contexte
Ce travail de recherche s’inscrit dans la continuité d’une étude préliminaire réalisée en 2019 par Attwell et al. dans l’Unité de Neurorééducation Aiguë (NRA) du Centre Hospitalier Universitaire Vaudois (CHUV), démontrant l’effet bénéfique de la thérapie neurosensorielle en plein air chez des patients cérébro-lésés et présentant une condition de dissociation cognitivo-motrice. Le cortisol salivaire est une mesure sûre et non invasive du fonctionnement de l'axe hypothalamo- hypophyso-surrénalien (HHS) et constitue un biomarqueur couramment utilisé pour mesurer la réponse au stress chez l’humain. Les environnements naturels sont reconnus pour atténuer les effets négatifs du stress. A notre connaissance, aucune étude n’a évalué l’influence d’un environnement naturel chez des patients cérébro-lésés en phase aiguë d’hospitalisation par le biais de la mesure du cortisol dans la salive.
Objectifs
L’objectif principal de cette étude pilote a été de démontrer la faisabilité et l’acceptabilité d’un protocole de collecte du cortisol salivaire chez des patients souffrant de lésions cérébrales sévères en phase aiguë d’hospitalisation. L’objectif secondaire a été de tester l’hypothèse qu’une condition de repos dans un environnement extérieur et naturel contribue à réduire le cortisol chez ces patients, indiquant ainsi les effets positifs de ces environnements sur leur niveau de stress.
Méthodes
Nous avons mené une étude pilote, monocentrique, prospective, randomisée en crossover, dans l’Unité NRA du CHUV de juin à novembre 2020. Les patients ont été exposés à deux conditions : une salle fermée de l’hôpital et un jardin thérapeutique situé dans l’enceinte de l’hôpital. Quatre prélèvements salivaires ont été effectués au total : un prélèvement dans la chambre du patient avant le départ (T0) et un autre 30 minutes après le début de chaque condition (T30).
Résultats
Dix-sept patients ont participé à cette étude, dont un patient à deux reprises. Le laboratoire a pu analyser de façon fiable 57/72 échantillons salivaires (79,2%). Lors de la condition intérieure, la moyenne des valeurs de cortisol au départ (T0) et après 30 minutes (T30) était de 9.55 nmol/L et 9.51 nmol/L, respectivement. Lors de la condition extérieure, la moyenne était de 8.01 nmol/L à T0 et 8.65 nmol/L à T30. Les valeurs de cortisol étaient plus élevées en condition intérieure chez les patients avec des ébauches de communication, comparé aux patients avec une communication intentionnelle (p<0.05). Les valeurs de cortisol ont diminué à T30 dans les deux conditions, l’effet était plus marqué dans la condition intérieure, mais cette tendance n’est pas significative.
Conclusion
Nos résultats suggèrent qu’un protocole de récolte salivaire auprès de patients cérébro-lésés en phase aiguë d’hospitalisation est réalisable de façon sécurisée et permet la détection des valeurs de cortisol salivaire. Les résultats préliminaires des objectifs secondaires n’ont pas permis à ce stade d’aboutir à des conclusions claires concernant l’influence de l’exposition à un milieu extérieur sur le niveau de stress de ces patients. Des études complémentaires prospectives sur un plus grand collectif de patients doivent être menées.