Introduction
Le ralentissement psychomoteur est une caractéristique clinique et un critère diagnostique de la Dépression Majeure. Cependant, les altérations motrices associées à la Dépression Majeure restent à ce jour peu étudiées. Le laboratoire d'analyse du mouvement de l'EPFL a développé une méthode qui permet de mesurer objectivement plusieurs dimensions de l'activité motrice dans un cadre de vie spontané. En nous basant sur cette méthode, notre objectif était celui de mesurer l' ac,tivité motrice spontanée chez des patients déprimés en les comparants à des sujets sains.
Méthodologie
Dix patients déprimés et dix sujets contrôles, appariés selon l'âge et le genre, ont été enregistrés pendant 6 heures avec un monitorage de leur activité motrice grâce à un appareil sans fil yalidé dans des études précédentes. Après l'installation de l'appareil, les patients déprimés et les sujets contrôles avaient comme unique indication celle de passer une «journée normale» et de revenir 6 heures plus tard. Les patients sous antidépresseurs, anxiolytiques, somnifères ou antipsychotiques pendant les 3 mois précédents l'enregistrement ont été exclus afin de prévenir toute influence sur l'activité motrice. De même que pour le patients et sujets contrôles présentant d'autres comorbidités psychiatriques et/ou somatiques pouvant potentiellement influencer la motricité.
Résultats
Les sujets déprimés ont montré une altération motrice objective en comparaison avec les sujets contrôles. La rapidité et la quantité des mouvements de la main étaient réduits, avec un lien positif retrouvé entre la sévérité de la dépression et la réduction de la quantité des mouvements. Les sujets déprimés ont montré aussi un ralentissement de la marche, illustré par un réduction de la cadence, ainsi que des temps augmentés dans les phases de double appui et d'oscillation. Les sujets déprimés ont passé plus de temps dans une position allongée, par rapport aux positions actives debout ou de marche, ainsi que moins de temps à l'extérieur.
Discussion
Ces résultats montrent que les altérations motrices dans la dépression peuvent être objectivement étudiées dans des conditions naturelles en dehors du laboratoire. Cette méthode présente comme avantages sa facilité d'utilisation, l'objectivité des données enregistrées dans un cadre de vie spontanée, ainsi qu'une caractérisation plus précise des altérations motrices. Dans le futur, cette méthode d'analyse de l'activité motrice pourrait être appliquée dans l'identification d'endophénotypes de dépression et dans la prédiction potentielle de la réponse aux traitements.