A partir d’une recherche en cours sur les transformations des rapports aux temps des jeunes en formation professionnelle initiale en Suisse, cette contribution aborde l’influence des dispositions découlant de la socialisation familiale en matière de gestion du temps. Face à cette temporalité de vie caractérisée par de nombreux changements, tous les jeunes ne sont pas également dotés pour y faire face, rendant cette expérience plus ou moins contraignante. En premier lieu, l’entrée en apprentissage est investiguée. Elle donne à voir que selon l’origine sociale, le genre et le parcours scolaire, les apprentis n’ont pas les mêmes ressources pour gérer cette temporalité particulière. En second lieu, la permanence des dispositions temporelles tout au long de la formation est investiguée. Même si les apprentis y acquièrent diverses compétences de gestion du temps, elles ne semblent que peu transférées en dehors de leur pratique professionnelle. De plus, ce sont surtout les apprentis qui témoignent déjà de bonnes capacités en la matière qui voient ces dernières se renforcer. Ces résultats sont fondés sur une approche par les méthodes mixtes articulant données quantitatives issus de la passation d’un questionnaire (n=523) et données qualitatives produites à partir de 28 entretiens auprès de jeunes inscrits dans deux formations différentes (les médiamaticiens et les assistants en soins et santé communautaire). Ils contribuent à éclairer les mécanismes de transmission et de développement de certaines dispositions temporelles dans le cadre familial qui participent à rendre l’entrée en apprentissage plus ou moins difficile pour les jeunes.