Cette contribution se focalisera principalement sur deux exemples dont l’objectif consistait à faire de la Suisse pédagogique un espace national cohérent. En effet, il apparaît qu’un sentiment d’unité particulièrement fort s’élabore hors des frontières nationales vers 1800, au moment où le Français Marc-Antoine Jullien jette les premiers linéaments d’une science de l’éducation façonnée à partir du cas suisse. Si cette première expérimentation – qui est avant tout l’histoire d’un échec – se théorise hors des frontières nationales, par procuration si l’on puit dire, le second exemple s’avère cette fois-ci pleinement assumé par les pédagogues helvétiques. Il prend forme dans le sillage des histoires universelles de la pédagogie – dont le genre nous est connu dès l’Antiquité grâce aux écrits de Polybe de Mégalopolis – et doit se comprendre comme une suite directe – mais à un siècle d’intervalle – de l’Universalhistorie théorisée dans l’espace germanique du milieu du XVIIIe siècle.