L’univers du son a connu la révolution numérique à un point tel que l’on puisse imaginer que le temps de l’analogique est révolu. Or, le son reste un phénomène analogique et différents éléments des agencements sociotechniques de production et diffusion du son sont toujours analogiques. Aussi, l’univers des personnes qui travaillent le son est-il hétérogène, ce qui soulève pour elles différentes questions intéressantes parce qu’elles doivent créer cohérence et continuité à partir d’outils et de pratiques qu’elles doivent parfois hybrider. Les données sont issues d’une vaste enquête ethnographique et ethnovidéographique portant sur la préparation d’une célébration inhabituelle – elle n’a lieu qu’une fois tous les vingt ans – ainsi que sur sa gestion dans une dizaine de régies son qui assuraient la sonorisation d’un spectacle. En rendant compte du travail de la vingtaine d’ingénieur·e·s du son, nous interrogeons les formes et les pratiques de distinction et d’articulation, d’imbrication et de conversion, dont les sons, les instruments, les réseaux, les personnes et l’organisation font l’objet. La finalité de ces agencements est que le son perçu par les spectateur·trice·s paraisse in fine on ne peut plus naturel. L’article découvre également les processus d’ajustement à l’œuvre lors de chaque représentation en live et la fluctuation des résultats ainsi obtenus. L’enquête permet de (re)conceptualiser la sociomatérialité des processus de médiation et de transmutation du son.