But : Faire un état de l'art sur les principaux résultats d'études publiées ces cinq dernières années sur les environnements bâtis associés au développement ou à l'exacerbation de symptômes ou pathologies respiratoires chez l'adulte.
Méthode : une recherche de littérature a été effectuée du 1er août au 30 septembre 2015 à l'aide principalement de la base de données Pubmed. Les articles sélectionnés devaient avoir été publiés dans les 5 dernières années, en anglais, provenir d'un pays développé (selon IDH 1983-2013 très haut-haut), ne pas être une revue de littérature et ne pas avoir comme polluant principalement étudié la fumée de cigarette.
Résultats : La matière particulaire (PM) et le dioxyde d'azote (NO2) ont été associés à de nombreux effets sur la santé respiratoire, lorsque leurs concentrations moyennes dans l'air intérieur étaient supérieures aux directives de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Néanmoins, des concentrations de NO2 inférieures aux directives de l'OMS ont été associées au développement de symptômes respiratoires chez des populations à risque (personnes âgées, personnes souffrant de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO)). La seule étude associant indirectement la présence de bactéries dans l'air intérieur à des effets sur la santé respiratoire fait état de concentrations dans l'air intérieur supérieures à la directive de l'OMS. La présence de composés organiques volatils (COV), hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et polychlorobiphényles (PCB) dans l'air intérieur a été associée respectivement à des symptômes respiratoires et fonctions pulmonaires diminuées, un risque cancérigène, et une concentration augmentée de PCB dans le sérum. La présence de retardateurs de flamme (composés organophosphorés, PBDE, ...) dans la poussière intérieure a été associée à la rhinite allergique et à l'asthme chez les personnes exposées.
Les principales sources par polluant mises en évidence sont :
-PM : phénomènes de combustion (cuisine, chauffage), occupation et mouvements dans la pièce, utilisation de produits cosmétiques ou de nettoyage, utilisation de magnésie dans les salles de gym, imprimantes laser et soins dentaires.
-NO2 : surfaceuses dans les patinoires couvertes et installations fonctionnant au gaz
-COV : peintures, colles, vernis, vinyles, meubles en bois et produits de nettoyage.
-HAP : phénomènes de combustion, en particulier du charbon bitumineux.
-PCB : peintures et joints d'étanchéité.
-retardateurs de flamme : matériel électronique, mobilier, peintures et textiles.
Conclusion : les directives OMS semblent suffire, lorsqu'elles sont respectées, à prévenir les effets néfastes de la pollution de l'air intérieur sur la santé respiratoire concernant les PM, le NO2 et les bactéries. Néanmoins, ces directives nécessiteraient une adaptation spécifiques aux populations adultes à risque telles que les personnes âgées ou celles souffrant de pathologies respiratoires, notamment concernant le NO2 et les PM. Ces directives nécessiteraient également une adaptation spécifique aux populations plus exposées à certains polluants intérieurs comme le personnel des piscines exposé au trichloramine. De plus, plusieurs polluants (comme les PM1 et PM0.1, PCB, retardateurs de flamme, ...) de l'air intérieur n'ont pas de concentration cible préconisée, malgré des effets démontrés sur la santé respiratoire.