Objectif : identifier les facteurs qui prédisposent au développement de l'hypertension. Les déterminants cliniques et socio-économiques ont fait l'objet du premier article ; les déterminants alimentaires faisant l'objet du second article.
Méthode : Nous avons utilisé les données recueillies par l'étude prospective CoLaus (www- colaus-psycolaus.ch). L'étude CoLaus étudie une cohorte d'adultes âgés de 35 à 75 ans habitant la ville de Lausanne. Pour ce travail, seuls les participants dépourvus d'hypertension artérielle au départ ont été retenus. Pour le premier article, les données recueillies entre 2003 et 2017 ont été utilisées, et deux analyses ont été réalisées en tenant compte de la durée de suivi. Pour le second article, les données recueillies entre 2009 et 2017 ont été utilisées. Cette différence est justifiée par l'absence de données alimentaires lors du premier entretien CoLaus. L'hypertension artérielle a été définie comme une pression systolique >140 mm Hg ou une pression diastolique >90 mm Hg ou la présence d'un traitement antihypertenseur. L'apport alimentaire a été évalué à l'aide d'un questionnaire validé.
Résultats : Dans le premier article, après un suivi moyen de 10.9 ans, l'incidence de l'hypertension variait entre 26,8% et 30,3%. Après ajustement multivarié, les variables significativement associées à une augmentation l'incidence de l'hypertension étaient : sexe masculin [incident-rate ratio (IRR) et (intervalle de confiance à 95%)] : 1,20 (1,07 à 1,35) et 1,24 (1,13 à 1,37) pour les analyses 1 et 2, respectivement ; le vieillissement (test de tendance linéaire : p<0,001), l'indice de masse corporelle (IMC ; test de tendance linéaire : p<0,001) et des antécédents de maladie cardiovasculaire (MCV). A l'opposé, l'activité physique était associée à une diminution de l'incidence de l'hypertension : 0,88 (0,78-0,98) et 0,92 (0,83¬1,01) pour les analyses 1 et 2, respectivement. À l'exception du sexe masculin, ces associations sont restées significatives après ajustement pour la pression artérielle de base. Aucune association n'a été retrouvée pour l'éducation, la consommation d'alcool ou le tabagisme. Dans le second article, après un suivi moyen de 5 ans, l'incidence de l'hypertension était de 17,8%. Aucune association n'a été trouvée entre les aliments individuels, les nutriments, les scores alimentaires ou la compliance aux directives diététiques et l'incidence de l'hypertension. Des résultats similaires ont été observés après analyse multivariée.
Conclusion : en un peu plus de 10 ans, entre un quart et un tiers des participants âgés entre 35 à 75 ans a développé une hypertension. Le sexe masculin, les antécédents de MCV, l'âge et l'IMC augmentent le risque d'hypertension, alors que l'activité physique le réduit. Par contre, les comportements alimentaires actuels sont insuffisants pour prévenir l'hypertension dans la population générale.