Dans le contexte de travail actuel, la capacité à pouvoir faire face à l’imprévisibilité des changements à venir et de futures transitions professionnelles est devenue cruciale, tant à un niveau émotionnel que cognitif. Il est attendu des individus qu’ils développent continuellement leurs compétences afin d’améliorer le niveau d’employabilité (Baruch, 2004), faire preuve à la fois de compétences émotionnelles (Di Fabio et Kenny, 2014) et d’habiletés d’adaptation à leur carrière (Savickas, 2005). Bien que le concept d’adaptabilité de carrière soit reconnu comme un concept central en psychologie vocationnelle et qu’il ait fait l’objet d’études approfondies au cours des dernières années (voir Rudolph, Lavigne et Zacher 2017, pour une méta-analyse), la littérature est moins au clair en ce qui concerne (1) l’interaction entre la formation d’adulte et l’adaptation à la carrière et (2) l’importance des processus émotionnels en jeu (Hartung, 2011). Dans un contexte de formation d’adultes, la présente étude investigue l’impact des compétences émotionnelles sur l’adaptabilité de carrière et différentes conséquences relatives au développement professionnel, comme l’employabilité perçue, le burnout professionnel, ainsi que les émotions positives et négatives. Plus précisément, nous émettons l’hypothèse que l’adaptabilité de carrière médie l’influence des compétences émotionnelles sur l’employabilité perçue, le burnout professionnel et l’affectivité positive et négative. Les données ont été récoltées selon un design longitudinale à mesures répétées en octobre (n = 262) et avril 2018 (n = 170) au sein d’un programme universitaire de formation d’adultes. Les résultats montrent que l’adaptabilité de carrière médie bien le rôle des compétences émotionnelles sur l’employabilité perçue, le burnout professionnel et l’affectivité positive et négative. Autrement dit, plus un individu dispose d’un niveau important de compétences émotionnelles, plus il sera à même de pouvoir mobiliser ses ressources d’adaptabilités en rapport à sa carrière, entrainant une augmentation de l’employabilité perçue et de l’affectivité positive, une diminution du burnout professionnel et une diminution de l’affectivité négative. Les résultats du deuxième temps de mesure mettent quant à eux en évidence un lien de causalité des compétences émotionnelles sur l’adaptabilité de carrière. A un niveau théorique, cette étude contribue à la croissante littérature sur l’adaptabilité de carrière et offre des preuves longitudinales du modèle de construction de carrière (Rudolph et al., 2017). A un niveau pratique, cette étude souligne l’importance des processus émotionnels et d’adaptation dans la formation continue et la formation d’adulte. Les implications tant au niveau de la recherche et au niveau de la pratique seront discutées.