Introduction
Plusieurs études ont démontré l’importance particulière du lait maternel (LM) pour le devenir des
prématurés ou de faible poids de naissance. En effet, ce dernier présente de nombreux avantages dans
cette population vulnérable, comme la réduction de la morbidité et mortalité à court et long terme. Si
l’effet protecteur du lait maternel sur le neuro-développement a été décrit dans cette population, son
effet sur le développement cérébral structurel reste encore peu étudié.
Objectif
Le but de cette étude était de mesurer l’association entre les apports en lait maternel durant les
premières semaines de vie (durant le premier mois, et jusqu’à 34 semaines d’âge corrigé) et la
maturation et les lésions cérébrales à terme mesurées par imagerie par résonnance magnétique (IRM)
cérébrale chez des nouveau-nés très prématurés (<30 semaines d’âge gestationnel).
Méthodes et patients
Il s’agissait d’une étude ancillaire d’une cohorte prospective incluant des nouveau-nés prématurés de
< 30 semaines d’âge gestationnel (SA) chez qui était effectuée une IRM cérébrale à l’âge du terme
équivalent (ATE). La maturation et les lésions cérébrales étaient évaluées sur l’IRM selon le score de
Kidokoro. Les données cliniques ainsi que les apports nutritionnels du premier mois de vie (J28) et
jusqu’à 34 semaines d’âge corrigé (S34) ont été colligés à partir des dossiers informatisés. Les apports
en lait maternel ont été corrélés aux scores d’IRM cérébrales à terme en régressions linéaires et
logistiques, uni- et multi-variées.
Résultats
Quarante patients ont été inclus, avec en moyenne un âge gestationnel de 27 SA et un poids de
naissance de 913.7g. Le groupe 1 (n(J28) = 25, n(S34) = 22) comprenait les enfants avec un score d’IRM
global selon Kidokoro < 6 (IRM normale ou subnormale) et le groupe 2 (n(J28) = 15, n(S34) = 15) ceux
avec un score ≥ 6 (quartile avec IRM les plus anormales). La quantité moyenne de LM reçue, en ml/kg/j
(ratio, en % de LM sur les apports entéraux totaux) était de 81.4 ± 31.4 ml/kg/j (90%) à J28 et de 92.4
± 32 ml/kg/j (88%) à S34.
L’analyse de régression linéaire montrait qu’une augmentation moyenne des apports en LM de 10
ml/kg/j durant le premier mois de vie s’associait à une diminution du score d’IRM de 0.08 point, mais
cette association n’était pas statistiquement significative (p=0.56).
L’analyse de régression logistique montrait que le groupe 1 avaient, en moyenne, reçu 11 ml/kg/j de
lait maternel en plus que le groupe 2 durant le 1er mois de vie (p=0.28). Cela correspondait à un Odd
ratio (OR) de 0.89 (IC95% : 0.72 ; 1.1). Cependant, cette différence n’était pas significative sur le plan
statistique et n’était pas retrouvée non plus à S34 ou après ajustement.
Conclusion
Ce travail n’a pas permis d’identifier un effet du lait maternel sur le développement cérébral structurel,
même si une tendance protectrice est relevée. Compte tenu des limitations de notre étude (faible
effectif, forte exposition au lait maternel, et IRM peu anormales), d’autres recherches, plus larges, sont
nécessaires pour investiguer l’effet protecteur du lait maternel sur le développement cérébral des
nouveau-nés prématurés.