Le sepsis néonatal est un problème majeur de santé publique, ayant pour conséquence un taux de mortalité élevé et des séquelles neurologiques importantes chez le nouveau-né. Celui-ci possède un système immunitaire encore en développement, le rendant plus susceptible aux infections et plus particulièrement au sepsis. En effet, pour administrer des antibiotiques ou de l’alimentation, un nouveau-né reçoit fréquemment des cathéters veineux centraux, première cause de bactériémie néonatale.
De 2013 à 2017, les hémocultures positives du service de néonatologie du CHUV ont été étudiées, à l’aide de données cliniques et microbiologiques, afin d’identifier les sepsis survenus dans ce service. L’incidence des bactériémies nosocomiales et des bactériémies associées aux cathéters veineux centraux a ensuite été calculée pour notre service de néonatologie.
Durant notre étude, 201 hémocultures positives ont été collectées dans notre service et 62% d’entre elles confirmaient la présence d’une bactériémie. Les early-onset sepsis (EOS) représentaient le 18 % des bactériémies, contre 82% pour les late-onset sepsis (LOS), incluant 4% de community acquired late-onset sepsis (CA-LOS) et 96% de hospital acquired late-onset sepsis (HA-LOS). Les central-line associated blood stream infection (CLABSI) ont été retrouvés lors de 76% des HA-LOS. L’incidence HA-LOS est de 12.2% chez le prématuré de <32 semaines et 33% chez le prématuré de <28 semaines. L’incidence CLABSI dans notre service s’élève à 6.4 (95% CI : 5.1-8), montre peu de variations au cours du temps et atteint 9.4 (95% CI : 6.7-12.8) chez le nouveau-né à poids de naissance de <1000g. Les CLABSI sont à l’origine de 58% (73) des sepsis du service. Concernant les pathogènes, ce sont les Gram + qui sont majoritairement impliqués lors de HA-LOS et de CLABSI, et plus particulièrement le staphylococcus epidermidis, en cause de 46% des HA- LOS et 56% des CLABSI. Succède ensuite Escherichia coli, présent lors de 12% des HA- LOS et des CLABSI, puis Klebsiella pneumoniae, identifiés lors de 11% des HA-LOS. Les HA-LOS ont été responsables de 14% des décès de notre service, suivis des CLABSI (8%) et des EOS (5%). Le taux de mortalité est donc de 17% suite à un EOS, 12% lors de HA- LOS et 9% pour les CLABSI.
Les bactériémies nosocomiales, dont les CLABSI restent un problème majeur dans notre service et nécessitent l’implémentation de nouvelles mesures de prévention, telles que l’amélioration de l’hygiène des mains et la création de protocoles standardisés pour la pose et le maintien des cathéters veineux centraux.