Si la féminisation de ses effectifs constitue l’un des changements historiques majeurs qui recomposent les traits de la catégorie des cadres, les recherches sur ce phénomène s’avèrent récentes. Ce constat s’applique tout particulièrement à la catégorie des cadres administratifs et commerciaux des entreprises, et a fortiori à celle des cadres des Ressources Humaines (RH). Partant de l’idée selon laquelle les professions supérieures constituent un lieu privilégié pour observer les mouvements de différenciation sexuée des métiers et des carrières, cet article propose une perspective constructiviste afin de rendre compte du phénomène de féminisation du groupe des cadres des RH. Il fournit d’abord quelques éléments pour appréhender ce que l’on nomme fréquemment la « fonction RH ». L’article analyse ensuite le processus de féminisation à l’œuvre depuis plusieurs décennies, en soulignant les formes de (re)ségrégation sexuée et de hiérarchisation internes. Enfin, il interroge les réactions suscitées par le phénomène de féminisation, en les articulant à l’un des enjeux majeurs qui traverse la « fonction » : sa résistible légitimité en tant que groupe professionnel.