Les stratégies de gestion de l'eau d'irrigation dans les pays en développement sont aujourd'hui
largement déterminées par les Institutions de Développement Internationales. La tarification est
présentée par ces dernières comme un outil nécessaire à la durabilité des services d'eau (en assurant
une certaine viabilité économique et une durabilité écologique) et permettant de lutter contre la
pauvreté. Dans ce contexte, le Fonds International de Développement Agricole (FIDA), agence
spécialisée des Nations Unies, a exprimé la volonté d'étudier ce sujet, afin d'asseoir sa position.
L'analyse des approches existantes, en termes d'objectifs de gestion et d'outils utilisés, permet de
souligner la prégnance des dimensions écologiques et économiques dans le discours des institutions
internationales étudiées, dont l'équité sociale est censée découler. Si l'outil communément conseillé
est la tarification des services d'eau, qui permet un recouvrement des coûts par les usagers et ainsi
l'autonomie financière du service, l'identification des bénéficiaires de l'action du FIDA et leurs
particularités (un revenu très limité et un faible accès aux services) appelle une nécessaire révision de
cette approche. Un recouvrement des coûts dit 'durable' peut ainsi être préféré, correspondant aux
coûts de fonctionnement et d'entretien des infrastructures, et complété par la mise en place de mesures
plus qualitatives visant à améliorer la durabilité écologique de l'eau.
Cependant, une telle tarification peut présenter des difficultés de mise en place sur certains terrains.
Une gestion non monétaire de la ressource en eau peut alors être imaginée.
Enfin, si le FIDA se positionne en décalage par rapport à la vision normative présentée par nombre
d'institutions internationales, l'approche globalisante qu'il partage avec ces dernières montre ses
limites lorsque la tarification des services d'eau est appréhendée. En effet, les spécificités inhérentes
aux pays en développement permettent-elles la réalisation de conseils de gestion généraux ?