Lorsqu’en 1787 le professeur de théologie de l’Académie de Lausanne, Alexandre-César Chavannes, annonce dans son Essai sur l’éducation intellectuelle la constitution de son Anthropologie ou science générale de l’homme, il introduit dans la langue française le terme d’« ethnologie ». Formé sur la base des travaux allemands de la science de l’homme de son époque, l’« Ethnologie », deuxième partie de la Science générale de l’homme, présente la marche de l’homme vers la société et les progrès qu’il y développe. Pourtant, bien que Chavannes reprenne le fond de ces travaux allemands, il refuse de construire son propos autour d’une traditionnelle histoire universelle. Cet article vise à comprendre les raisons stratégiques, tant pédagogiques que théologiques, qui poussent Chavannes à se tourner vers une histoire conjecturale. Afin d’illustrer le propos, un regard sera porté sur le récit de la première origine de l’espèce humaine auquel Chavannes rattache le récit de la Genèse, mais où toute une littérature profane est mobilisée par la suite.