Depuis quand le sport est-il envisagé comme le relais privilégié de certains processus permettant à la Suisse de "faire nation" ? Quelles dynamiques historiques renforcent, dans les esprits comme dans les institutions, l'idée qu'il existe un « sport national helvétique » dont le statut flotte aujourd'hui entre expression figée du langage commun et symbole traditionnel souvent récupéré par la doctrine identitaire ? Pour tenter d'apporter des réponses à ces questions, cette thèse propose de revenir sur les premiers pas de l'Etat fédéral helvétique de 1848, ceci à travers un objet d'étude spécifique : la gymnastique associative telle qu'elle se développe dans la Suisse moderne sous l'égide de la Société fédérale de gymnastique (SFG) fondée en 1833. Sur une période allant du milieu du XIXe siècle au début de la Première Guerre mondiale, il s'agit plus spécifiquement de montrer comment la SFG, sous l'impulsion de ses dirigeants, devient un groupe d'intérêt gymnique en acquérant un véritable statut paraétatique, ceci tout en fabriquant le mythe d'une gymnastique "typiquement suiss " aux échos e plus en plus conservateurs et en composant avec le territoire fracturé du jeune Etat fédéral. A la croisée de l'histoire culturelle et de l'histoire sociale des institutions et du politique, cette thèse réfléchit sur plusieurs échelles : du national - son principal référentiel - à l'Europe et à la côte est des États-Unis, en passant par des études de cas cantonaux et locaux. L'analyse est bâtie sur les archives institutionnelles de la SFG et sur des fonds conservés aux Archives fédérales et à la Bibliothèque nationale suisses. Ce corpus principal a été complété par des recherches dans divers centres d'archives cantonaux, communaux et privés, ainsi qu'au Centre d'études olympiques et au siège de la Fédération française de gymnastique basés respectivement à Lausanne et Paris.
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Since when has sport been seen as the key vehicle for certain processes that enable Switzerland to "make a nation"? What historical dynamics have reinforced, in people's minds as well as within institutions, the idea that there is such a thing as a« Swiss national sport», whose status today floats between being a foœd expression of common language and a traditional symbol often exploited by identity doctrine? To provide answers to these questions, this PhD thesis looks back to the first steps of the Swiss federal state of 1848, through a specific object of study: « associative gymnastics » as it developed in modern Switzerland under the umbrella of the Société fédérale de gymnastique (SFG) founded in 1833. Over the period from the mid-nineteenth century to the outbreak of the First World War, the aim of this thesis is to show how the SFG became a gymnastics lobby by acquiring through the impetus of its leaders a genuine parastatal status, while at the same time creating the myth of a "t:ypically Swiss" form of gymnastics with increasingly conservative echoes and coping with the fractured territory of the young federal state. At the crossroads of cultural history and the social history of institution and politics, this PhD thesis consider several scales: from the national level - its main framework – to Europe and the east coast of the United States, via cantonal and local case studies. Th analysis is based on the institutional archives of the SFG and the collection of the Swiss Federal Archives and the Swiss National Library. This main corpus was supplemented by research in various cantonal, municipal, and private archives, as well as at the Olympie Studies Centre and the headquarters of the French Gymnastics Federation in Lausanne and Paris respectively.