Introduction : Le tabac, en plus d'être l'une des plus grandes menaces de santé publique auxquelles notre monde est confronté, aurait des effets délétères sur le métabolisme osseux et surtout sur la guérison osseuse. Il a été décrit dans la littérature que les patients qui fument ont environ deux fois plus de risques de développer une pseudarthrose après une fracture d'un os non spécifique. Pour les fractures de la clavicule, ce risque n'est pas clair, de même que l'impact qu'une telle complication pourrait avoir sur la gestion initiale de ces fractures.
Matériel et méthodes : Une revue systématique et une méta-analyse ont été réalisées pour les fractures déplacées du tiers moyen de la clavicule traitées de manière conservatrice. Des recherches ont été menées dans Embase.com, PubMed et Cochrane Central Register of Controlled Trials (via la Cochrane Library) depuis leur création jusqu'au 12 mai 2022, avec des recherches supplémentaires dans Open Grey, ClinicalTrials.gov, ProQuest Dissertations & Theses et Google Scholar. Les recherches ont été effectuées sans limite de date de publication ou de langue.
Résultats : La méta-analyse a porté sur 8 études, 2285 observations et 304 événements (pseudarthrose). Le modèle à effets aléatoires a prédit un risque relatif global de 3,68 (IC 95%
: 1,87 - 7,23), qui peut être considéré comme significatif (valeur p = 0,0026). Il indique que le tabagisme fait plus que tripler le risque de pseudarthrose lorsqu'une fracture est traitée de manière conservatrice.
Discussion : Jusqu'à ce jour, nous avions tendance à ne pas proposer de prise en charge chirurgicale pour les patients fumeurs avec une fracture peu déplacée du tiers moyen de la clavicule, notamment en raison d'un risque plus élevé de complications postopératoires chez ces patients, comme l'infection ou la déhiscence de la plaie. Celles-ci étant associées à des reprises chirurgicales menant à de moins bons résultats fonctionnels et à un coût de prise en charge plus élevé. Étant donné que le taux de consolidation après chirurgie chez les patients fumeurs et non-fumeurs est presque identique et que le risque d'infection post-opératoire est très faible, y compris chez les fumeurs, il s'agit actuellement de reconsidérer cette prise en charge et ainsi privilégier la chirurgie pour les fractures déplacées du tiers moyen de la clavicule chez les patients fumeurs afin de diminuer le risque de pseudarthrose et de mauvais résultats fonctionnels qui en découlent.