L'article analyse et compare les images du glacier du Rhône et de la Mer de glace exécutées par le dessin et la gravure dans les ouvrages viatiques avant l'apparition de la photographie, et les premières photographies de ces mêmes glaciers, qui datent des décennies 1840-1860. Il interroge la coïncidence qui a voulu que le début de la fonte des glaciers alpins, à la fin du petit âge glaciaire, dans les années 1860, soit contemporain de ces premières photographies. Y a-t-il là une véritable question historique, et si oui laquelle ? La question concerne non seulement l'esthétique propre à la photographie, mais aussi sa nature même : d'une part la photographie documente un état passé de manière exacte, et d'autre part elle nous présente une trace physique des objets disparus. Il en ressort une mélancolie particulière, qui marque notre rapport à ces éléments du paysage alpin qu'on croyait inamovibles.