Ce numéro collectif de la revue a contrario confronte un certain idéal démocratique – ses promesses de liberté, d’égalité, de pluralité et de justice sociale – aux dispositifs supposés en permettre la réalisation dans nos démocraties libérales. Le travail critique est en effet soumis à de nombreuses contraintes matérielles et symboliques imposées par les institutions qui en définissent les conditions de légitimité et délimitent les lieux autorisés de son expression. En circonscrivant des espaces et des arènes propices à leur remise en cause, les institutions démocratiques encouragent et rendent possible l’expression de voix différentes, tout en se donnant les moyens de les disqualifier. Afin d’interroger cette tension, nous avons invité des chercheureusexs de divers horizons à réfléchir, d’une part, aux modalités de mise en œuvre des pratiques de résistance face aux mécanismes institutionnels et aux logiques instituées ; d’autre part, à examiner dans quelle mesure les institutions, les normes, les espaces et les dynamiques collectives structurent et contraignent la formation, l’expression et la légitimation de voix résistantes. Les propositions retenues ont non seulement confirmé l’intérêt d’un tel questionnement, mais elles l’ont surtout enrichi et fait évoluer grâce à des réflexions
élaborées à partir de situations de terrain et d’expériences vécues.