L’article revisite l’histoire du tournant urbain de l’écologie scientifique depuis les années 1970 en s’intéressant en particulier à la recherche naturaliste dans le contexte suisse. Il s’appuie sur une analyse systématique et qualitative d’un corpus de 450 publications de revues de sociétés naturalistes locales suisses (1839-2018). L’analyse diachronique, centrée sur la co-production entre les savoirs naturalistes et l’objet urbain, montre les continuités et discontinuités de l’intérêt naturaliste pour la ville. Elle conduit à distinguer deux périodes dans les inventaires floristiques locaux : le tournant du XXème siècle (marqué par l’étude des plantes adventices) et les années 1980-1990 (dominé par un intérêt pour la flore urbaine). En explorant les dimensions spatiales de la recherche naturaliste locale, l’article réexamine ainsi le rôle historique joué par l’inventaire naturaliste dans l’émergence d’un intérêt écologique savant pour la ville.