En 1799 et 1801, Amélie Odier (1786-1840) passe plusieurs semaines dans une institution orthopédique pour traiter ses problèmes physiques développés durant l’enfance. Fille d’un couple de la bonne société genevoise dont le père, Louis Odier, est médecin, Amélie est envoyée dans ce qui est alors le premier établissement orthopédique connu au monde: l’Institut d’Orbe dans le canton de Vaud, fondé en 1780. L’article examine les sujets suivants : 1) les circonstances, personnelles et institutionnelles, qui amènent une famille genevoise de renom à envoyer leur adolescente dans un établissement médical du canton voisin ; 2) l’expérience subjective de la maladie à travers le récit personnel d’Amélie, en intégrant ses observations et son ressenti face à son traitement médical ; 3) les activités non médicalisées qui jalonnent le quotidien d’Amélie à Orbe, en nous interrogeant sur les occupations intellectuelles et sociales de la jeune fille et la supervision exercée par son entourage. Ainsi seront aussi exemplifiés le fonctionnement interne d’une institution médicale phare du tournant du XIXe siècle, de même que la pratique de l’écriture de soi au féminin.