L'étude pionnière menée par Vallat (2007) sur la détection de liens entre contrefaçons du permis de
conduire yougoslave a fait état de résultats encourageants concernant le potentiel d'application des
méthodes d'analyse criminelle et de renseignement forensique à la lutte contre la fraude
documentaire. Il est proposé ici de généraliser ces résultats et de mettre en place un processus
complet de renseignement afin d'en évaluer l'efficacité, les bénéfices et les coûts. Ce processus
repose sur une méthode simple de profilage des fausses pièces d'identité qui vise à établir des liens à
partir de leurs caractéristiques forensiques analysables visuellement.
Un collectif de plus de 200 fausses pièces d'identité récolté auprès des polices de neuf Cantons
suisses et composé de passeports français volés en blanc, de permis de conduire irakiens contrefaits
et de permis de conduire bulgares falsifiés a été intégré dans une base de données développée ad
hoc et nommée ProfID. Les liens détectés de façon systématique et automatique par cette base de
données ont été exploités et analysés afin de produire des renseignements d'ordre stratégique et
opérationnel.
Les démarches de profilage et de renseignement mises en place pour les trois types de fausses pièces
d'identité étudiées se sont révélées efficaces, détectant des liens dans plus de 30% des cas. La fraude
documentaire apparaît comme une criminalité structurée et intercantonale, dans laquelle les liens
matériels établis entre fausses pièces d'identité peuvent servir d'aide à l'enquête.